Berlin, une métropole ouverte et généreuse

Le tout nouveau train de nuit, le Good Night Train, qui relie Bruxelles à Berlin est le meilleur prétexte pour s’offrir une escapade de 3 ou 4 jours au moins, voire plus, dans la capitale allemande. Colossale par ses proportions et sa richesse culturelle, elle n’en reste pas moins aisée à appréhender même si sa diversité déroute à prime abord.

Pour nous guider quelque peu, on peut faire confiance à Carlo Carbone, le responsable des relations avec les médias des marchés latino-américains, espagnol, italien mais aussi de la France et du Benelux. Il est né à Berlin et il a vu sa ville se métamorphoser « et ce n’est pas fini » ajoute-t-il. Il est vrai que le ciel berlinois est cisaillé de grues quel que soit le quartier visité sans oublier les étranges tuyauteries roses ou bleues qui plongent sous terre et enjambent les rues.

Multiculturelle, 10 fois plus vaste que Paris et émaillée de hauts arbres, Berlin fascine.

Les nappes phréatiques se trouvent à proximité du sol, 2 mètres environ et il n’est pas possible de creuser des tunnels ou des fondations profondes sans risquer une inondation. Ainsi les 60 km de tubes éparpillés dans la ville servent à pomper l’eau du sol et à la transporter à proximité de points d’eau qui ne manquent pas. Ce qui permet de drainer les sous-sols de la ville et de faciliter les travaux de construction urbains. Quant à leurs couleurs insolites, « elles ont été choisies pour égayer le paysage malgré la présence voisine de grues ! ».

Berlin reste un symbole.

C’est un an après la chute du Mur que Berlin a été déclarée la capitale de l’Allemagne réunifiée. Elle porte toujours les cicatrices laissées par une guerre apocalyptique et un rideau de fer qui l’isola du reste du monde occidental. Même si les années ont passé et que la reconstruction a complètement effacé la frontière entre l’Est et l’Ouest, elle n’en a pas moins conservé ou créé des témoignages commémoratifs.

Ainsi en est-il de l’église du Souvenir qui élève fièrement son clocher mutilé en 1943 pour rappeler la violence des bombardements des années de guerre. Cette silhouette tronquée interpelle encore davantage depuis que s’élèvent autour d’elle sur la Kurfürstendamm d’autres tours plus hautes, plus contemporaines, résolument tournées vers l’avenir. La longue avenue détruite et reconstruite après la guerre était sur cet ilot de l’Ouest perdu à l’Est le haut lieu de l’opulence occidentale. Aujourd’hui il n’est pas un quartier qui ne soit en quête de postmodernité.

Le baiser fraternel socialiste de Dmitri Vrubel entre Brejnev dirigeant de l’URSS et Honecker, président de la RDA

Le passé est toujours présent et le souvenir le plus connu est la East Side Gallery, soit 1300m de mur recouverts de fresques emblématiques de la fin de la guerre froide. Sur la Muhlerstrasse, le long de la Spree, le fleuve qui traverse la ville, cette galerie d’art en plein air illustre l’euphorie du moment après la chute du Mur. Certaines œuvres contiennent un évident message politique, d’autres sont purement surréalistes ou décoratives.

D’autres œuvres bien plus récentes invitent au recueillement comme le Mémorial de l’Holocauste, à deux pas de la Porte de Brandebourg. Inauguré en 2005, cet important monument érigé à la mémoire des juifs exterminés par la barbarie nazie compte 2711 stèles grises, de taille et d’inclinaison variées, installées sur l’emplacement du bunker de Goebbels. Ce cimetière monumental où l’on pénètre de n’importe quel côté crée un inévitable sentiment d’oppression voire même de détresse.

L’émouvant mémorial aux Juifs assassinés d’Europe.

Encore plus contemporain, le Cold War Museum, un musée 4.0 avec des applications interactives et virtuelles, situé sur le boulevard animé Unter den Linden, accueille ses visiteurs avec un rideau de fer symbolique perforé de portraits d’hommes politiques actifs pendant la guerre froide : Truman, Staline, Churchill, Khrouchtchev, Gorbatchev et Kohl.

Au-dessus de la tête plane un missile original Dvina S-75 développé par l’URSS dans les années 1950 et toujours l’un des systèmes de défense aérienne les plus utilisés au monde. Encore faut-il aimer se plonger dans des moniteurs même si les photos, les animations et les vidéos de témoins oculaires peuvent nourrir la réflexion. « L’objectif de ce musée explique son fondateur, est d’y attirer les jeunes et les plus âgés pour se plonger ensemble dans cette époque »

Berlin, une ville bleue et verte.

« Savez-vous que 40% de la superficie de la ville sont occupés par les espaces verts et les voies d’eau ? » précise Carlo Carbone. « La ville est traversée par plusieurs rivières et voies navigables, on y dénombre plus de 1700 ponts, bien plus qu’à Venise et souvent moins visibles car nombreux sont noyés dans le gigantisme du paysage urbain. De plus elle s’est développée autour d’une ceinture verte intérieure regroupant des jardins privés et des parcs historiques dont le plus fameux est le Tiergarten et ses 210ha, et d’une ceinture verte extérieure faite de forêts et de lacs. » Berlin se hisse donc dans le peloton de tête des villes vertes de l’Union Européenne.

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Si chaque quartier possède son parc public, le plus grand se trouve au centre de la ville, l’immense Tiergarten, le poumon vert de la capitale avec ses bois, ses lacs, ses pelouses et ses parterres fleuris émaillés de statues romantiques. Tous les Berlinois s’y retrouvent, des familles en pique-nique aux sportifs, des amoureux aux naturistes qui bronzent au soleil. D’autres jardins plus petits offrent d’agréables parenthèses bucoliques. Dans le quartier de Friedrichshain, la Boxhagener place bordée d’une double rangée d’arbres avec en son cœur une plaine de jeux et une vaste pelouse accueille chaque samedi un petit marché alimentaire qui attire les familles, les retraités et les touristes et si vous revenez le lendemain, ce sera un marché aux puces. Le quartier attire visiblement les artistes et un public bohême, séduit dit-on par des loyers encore modiques et surtout une ambiance bon enfant.

A découvrir absolument dans le même quartier, le plus beau pont de la ville, l’Oberbaumbrücke édifié en 1894 à deux étages dans un style néogothique avec des tours et des arches en briques dont la couleur rouge offre un joli contraste avec le métro jaune canari qui passe au-dessus. Et toujours plus avant la célèbre Karl-Marx-Allée, une avenue monumentale de plus de 90m de large pour 8 voies de circulation, emblématique de la puissance de Staline dont elle fut la vitrine du régime. « Ce sont ses larges avenues qui ont permis une transition aisée vers l’usage du vélo même si la voiture est aux Berlinois ce que sont les armes aux Américains » explique avec humour Carlo. Lui-même est un adepte inconditionnel de la deux-roues présente partout dans cette ville relativement plate. Les 8 voies de la Karl-Marx-Allée se sont réduites à 4, les autres se partageant entre lignes de parking et pistes cyclables. Et c’est le cas ailleurs. Il ne faut pas hésiter à s’offrir un Bike-Tour guidé proposé chaque jour avec différentes thématiques (Berlin alternatif, le street art, le mur de Berlin, etc).

Photo 06: Le pont Oberbaumbrücke, un point de passage entre l’Est (Friedrichhain) et l’Ouest (Kreuzberg)

Berlin, un bouillon de culture.

Evidemment, il y a l’incontournable Île aux Musées inscrite au patrimoine de l’Unesco depuis 1999. Cinq musées construits sur un parc au bord de la rivière Sprée entre 1824 et 1930 représentent la réalisation d’un projet architectural et artistique visionnaire. Depuis, un 6ème espace muséal inauguré en 2021, le Humboldt Forum, a pris place dans l’ancien palais royal prussien des Hohenzollern qui a été reconstruit en sauvegardant sur les versants nord, sud et ouest les façades baroques d’un jaune coing éclatant tandis que la dernière façade moderne et lisse s’ouvre sur une vaste terrasse au-dessus de la Sprée. Il s’agit d’un nouveau forum dédié à la culture, l’art et la science.

La cathédrale coiffée de sa magistrale coupole se situe sur l’île aux Musées, au bord de la Sprée.

A deux pas de là, après avoir longé l’imposante cathédrale protestante puis emprunté une passerelle sur la Sprée où glissent des bateaux de croisière, on atteint un autre quartier, le Scheunenviertel, un ancien quartier populaire devenu plus bohême avec ses Hackesche Höfe, des arrière-cours avec des façades Art Nouveau décorées de brique vernissée polychrome qui abritent des bars, des boutiques de stylistes branchés, des galeries d’art et des murs recouverts de street art. La place de Hackescher Markt devient dès les beaux jours une immense terrasse de café, animée par un marché aux puces et des étals colorés de fruits et de légumes.

L’hôtel de ville tout en briques rouges affiche un style Renaissance du 19ème siècle, en contraste aussi avec la Tour de télévision

La même énergie vibre aussi dans les quartiers qui bordent la célèbre esplanade Alexander Platz réduite à l’état de gravats par les pilonnages d’avril 1945. Sa reconstruction sera fidèle à l’esthétique stalinienne : sa surface est multipliée par 3 et elle se borde de buildings fonctionnalistes tous semblables. En 1969 on y érige une tour de télévision qui s’élève à 368m de haut, visible de loin et sa forme de fusée évoque la course à l’espace des années 1960. Aujourd’hui de nouveaux gratte-ciels s’éparpillent sur la place en faisant de celle-ci le poumon commercial de la ville égayant quelque peu la silhouette terne de cet ensemble tout en contrastes. Comme celui créé par la petite église gothique de brique rouge qui date du 13ème siècle et qui a survécu au pied de la tour de télévision.

Le même contraste saisissant se vit quand on découvre juste à côté d’une ligne de buildings étincelants le petit quartier St-Nicolas, d’autant que celui-ci a été entièrement reconstitué avec ses venelles en pavés, ces maisons basses, ses tavernes pseudo-typiques et ses garnitures baroques sous la houlette de l’ancienne RDA pour en faire une vitrine de l’Allemagne communiste.

Le dôme en verre du Reichtag, ou comment s’offrir une vue panoramique sur la ville (entrée gratuite mais à réserver dans un kiosque en face du bâtiment)

Dernier paradoxe symbolique, le Reichtag restauré sous la houlette de l’architecte britannique Norman Foster. Il a choisi de dialoguer avec les spectres du passé en intégrant au majestueux bâtiment historique une audacieuse et immense coupole de verre censée rappeler au gouvernement qui y a établi son siège une impérieuse nécessité de transparence dans la bonne gouvernance. On y a élevé dans la foulée de grands ensembles d’immeubles de verre contemporains qui s’étirent jusqu’au bord de la Sprée.

Infos :

Y aller : www.europeansleeper.eu, la formule tranquille du train couchettes qui vous dépose directement dans la ville.

Se loger : Le Mercure Hotel Wittenbergplatz idéalement situé à côté du KaDeWe et face aux lignes U5 et U2 du métro.

Un restaurant : Berlin offre bien des formules pour se nourrir mais n’hésitez pas à tester le Literaturhaus, un adorable café-resto Art Nouveau dans une villa cernée d’un jardin où se regroupent quelques tables. Une oasis de tranquillité à deux pas de la vibrante Ku’Damm www.literaturhaus-berlin.de

Une pause de charme dans le café Literaturhaus.

Un site : www.visitberlin.de N’hésitez pas à vous offrir la Berlin Welcome Card qui permet d’emprunter tous les transports en commun et offre de nombreuses réductions sur les sites. Elle peut s’obtenir au bureau du tourisme installé dans la gare centrale Hauptbahnhof.

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