Depuis le 7 août dernier, après deux années d’interruption forcée, la flotte de CroisiEurope sur le Mékong a repris son activité entre Siem Reap et Saïgon (et sens inverse). La compagnie alsacienne est la première à redémarrer la navigation sur cet emblématique fleuve asiatique. L’occasion de partager ici nos souvenirs de cette croisière réalisée avant la pandémie en descendant le fleuve depuis le Cambodge jusqu’à Hô-Chí-Minh Ville, l’ancienne Saïgon.

La saison sèche touche doucement à sa fin et le niveau d’eau du lac Tonlé Sap a tellement baissé qu’il n’est pas envisageable pour notre bateau de croisière de le remonter pour venir y chercher les passagers qui viennent de passer 3 jours à découvrir les splendeurs des temples cambodgiens d’Angkor. Ce sera donc par la route que nous rejoindrons notre point d’embarquement, là où le lac Tonlé Sap devient une rivière du même nom qui rejoindra le fleuve Mékong à Phnom Penh après deux jours de navigation. La nuit est déjà tombée quand enfin nous empruntons la passerelle et les quelque 50 croisiéristes s’égaient à la découverte de l’Indochine II qui leur servira d’hôtel flottant durant 8 jours.

Notre bateau Indochine II peut s’amarrer directement sur les rives du fleuve sans souci pour le débarquement des passagers

Des cabines spacieuses avec une décoration contemporaine toute en bois exotique qui lui donne un cachet néo-colonial, distribuées sur deux ponts, chacune offrant un balcon privatif et tout le confort nécessaire pour que l’on s’y sente comme chez soi. Un restaurant chaleureux autant par la disposition des tables que par l’accueil souriant des serveuses cambodgiennes qui veillent à ce que chacun soit servi comme il l’entend. Le bateau s’est déjà éloigné de la berge pour glisser sur les eaux tranquilles du fleuve où il va s’amarrer à l’ancre. Il faudra attendre l’aube pour découvrir le pont soleil, sa piscine surélevée et son sol tapissé de gazon synthétique jalonné de hautes plantes vertes, ou comment offrir l’illusion de voyager dans un jardin où s’éparpillent chaises longues, profonds divans et fauteuils suspendus qui offrent une vue à 360° sur le paysage.

6 heures du matin. On a levé l’ancre…

Quelques chants religieux résonnent doucement au loin. Sur la rivière, les berges proches permettent de découvrir des maisons hérissées sur de hauts pilotis, masquées par les arbres touffus. C’est que les crues de la mousson provoquent sur le Mékong un débit qui peut atteindre 60000 mètres cubes par seconde, ce qui provoque l’inversion du cours de son affluent le Tonlé Sap au point de submerger momentanément le lac et toute la plaine agricole. Les alluvions fertilisent le sol et on comprend mieux l’éclosion de l’ancienne civilisation khmère qui a exploité cette manne providentielle en créant de nombreux réservoirs qui ont permis jusqu’à trois récoltes de riz par an.

Kampong Hang, un village de pêcheurs traditionnel sur les rives de l’affluent Tonle Sap entre maisons sur pilotis et maisons sur des petites barges flottantes

Au petit matin, la lumière laiteuse libère les formes qui semblent flotter dans l’espace : une frange d’arbres dont les troncs sont avalés par la brume ou une rive qui soudainement s’efface. Les couleurs du ciel, de l’air et de l’eau se fondent jusqu’à ce que le disque rouge du soleil surgisse et grimpe en chassant ces nappes de brouillard. On devine le bruissement des vies. Des pirogues glissent sur l’eau, la silhouette d’un pêcheur accroupi à la proue, surveillant son filet annoncé par une ligne de bouteilles plastiques flottant à la surface. D’autres bateaux à moteur transportent des enfants en uniforme qui traversent la rivière pour rejoindre leur école. Parfois la silhouette dodue d’une pagode surmontée d’une pointe effilée rappelle que le bouddhisme cambodgien est redevenu religion d’état depuis la fin de la dictature des Khmers rouges sans pour autant recevoir de subsides autres que les dons des fidèles souvent trop démunis encore pour y subvenir.

Contraste entre deux types d’habitat

Découverts depuis le fleuve, les villages cambodgiens construits sur pilotis nous paraissent toujours en équilibre instable

Les Cambodgiens ont apprivoisé les digues jalonnées de maisons de tôles qui paraissent suspendues en équilibre instable au-dessus d’un incroyable enchevêtrement de bois placés verticalement ou en oblique. D’un côté un lopin de terre à cultiver, de l’autre des échelles de fortune posées sur la digue pour rejoindre les pirogues. Certains se lancent dans des cultures de lotus plus rentables que le riz. Fleurs, graines, germes, tiges, jeunes feuilles, tout se consomme. Les escargots y pullulent, chacun pondant des milliers d’œufs, une manne à récolter et à vendre au marché. Si on prend la peine de clôturer le site, les poissons et les canards vivent heureux dans cet environnement à l’abri du soleil.

Les maisons sur l’eau d’une colonie de pêcheurs vietnamiens vivant au Cambodge se révèlent plutôt coquettes

Par contre une communauté vietnamienne privée de terre vit sur le fleuve où elle a développé tout un art de vivre. Leurs maisonnettes en bois sont posées sur un lit de bambous auquel s’adosse une barque. Tout autour, les familles ont créé un vivier en arrimant des broussailles de jacinthes d’eau maintenues avec des tuteurs en bambou. Les poissons apprécient la fraîcheur qu’ils trouvent dans ce nid aquatique mais rapidement ils se retrouvent enfermés dans un enclos et permettent ainsi d’assurer la subsistance de la petite communauté.

A la découverte d’un style de vie

On posera pied à terre dans des hameaux qui vivent le long du fleuve, l’occasion de découvrir une petite communauté dont toute la vie s’articule autour de la poterie. Chaque maison dont le sol n’est que terre battue abrite une maisonnette miniature hissée sur un pilotis, sorte de petit temple suspendu dédié aux esprits pour les encourager à chasser tout maléfice.

Les poteries locales sont le fruit du travail artisanal des femmes

L’atelier est dans la cour où les femmes réalisent leurs objets à partir d’une motte de terre mouillée posée sur un tronc. Séchés d’abord au soleil, les pots sont ensuite placés dans un four en brique où ils sont recouverts d’écorces de riz avant d’être brûlés. Il ne reste plus qu’à attendre leur refroidissement avant de les ranger au soleil à proximité de la route pour qu’ils soient chargés par un grossiste qui alimentera les marchés. (à suivre)

Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux

Pratique
Les plus beaux mais aussi rares bateaux qui offrent une croisière entre Siem Reap au Cambodge et le port de Hô-Chí-Minh-Ville au Vietnam appartiennent à CroisiEurope déjà connu pour être le leader de la croisière fluviale en Europe www.croisieurope.com . Nous avons voyagé avec le RV Indochine II, dernier né de la flotte de CroisiEurope sur le Mékong inauguré en septembre 2017. Ce qui permet à l’entreprise de multiplier par deux la fréquence des croisières sur le fleuve. Avec ses 31 cabines spacieuses de 18 m2, toutes avec un balcon privatif, réparties sur 2 ponts, ce petit paquebot dont la décoration s’inspire de l’époque coloniale tout en offrant le confort moderne (piscine, wifi, service de wellness) assure une navigation paisible qui entraîne les voyageurs dans une croisière de charme tout en multipliant des expériences inoubliables.

Par ailleurs il faut savoir que le bateau peut-être entièrement chartérisé par une agence de voyage qui le souhaiterait. Toutes les formalités à prendre en compte sont à découvrir sur le site. Sachez aussi que toutes les excursions sont incluses dans le coût de la croisière, aucune surprise à craindre de ce côté-là ! Du delta du Mékong aux temples d’Angkor (Formule port/port) | CroisiEurope Belgique

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