Entre le supportable et l’insupportable

Ils ont raison, tous ceux qui criaient au loup, qui défendaient le climat, qui luttaient contre la société de consommation, tous ces prophètes de l’altermondialisme. Il suffit de voir tous les bienfaits qui nous sont offerts depuis quelques semaines.

L’air est pur dans nos villes. La circulation est un rêve, on peut se balader en vélo en plein centre-ville. Plus de bruit des avions au-dessus de nos têtes. Moins de stress dû aux embouteillages, ou aux devoirs non faits des enfants, aux horaires d’école à respecter.

Et puis ce retour aux produits de proximité, quelle aubaine ! Les oiseaux reviennent dans nos jardins, on les entend même chanter, et des dauphins curieux viennent voir ce qu’il se passe dans les ports. Tout ça c’est très bien.

Le prix à payer est tout à fait supportable, non ?

Plus de concerts, de théâtre, de cinéma… Pas de sport, ou alors rien qu’en individuel. Pas de resto non plus, mais on économise. Pas de fêtes de famille, à peine un barbecue entre soi dans le jardin (pour ceux qui en ont un). Pas de salons, d’expositions…

Les enfants qui crient -et leur mère aussi- dans l’appartement voisin, et ce depuis 8 semaines ! Pas de gilets jaunes et pas de manifs dans les rues. Pas de vacances, selon toute probabilité. Frontières fermées : il est où le grand projet européen de libre circulation dans un espace qui devait supprimer les frontières ?

Un Parisien qui se rend à Lille est supposé moins dangereux qu’un habitant de Tournai qui se rend dans la même ville : c’est le repli sur soi, le vieux réflexe des frontières qui protègent de tous les ennemis. Jusque là c’est supportable, pendant un certain temps.

Panneau De Ville Faillite - Image gratuite sur Pixabay

Mais après, il y a l’insupportable

Le chômage qui va se compter en dizaines de milliers de sans-emplois. Les faillites de dizaines de milliers de petits indépendants, artisans, commerçants. Les budgets de l’Etat explosés pour payer tout ça, alors que depuis des décennies on nous disait déjà que l’État n’avait pas d’argent, on se demandait comment il payerait les pensions…

Insupportable des voir tout le personnel des services de soins, de garde, de sécurité, complètement épuisé par des prestations hors normes. Insupportable de ne plus avoir de relations sociales normales, de voir des amis, de ne pas rire…

© Hervé ducruet

Et le plus insupportable

Mais ce n’est pas grand-chose encore face à ce qui va se passer en Afrique. Des centaines de milliers de morts de faim parce que l’approvisionnement ne suit plus.

La Russie vient de bloquer ses exportations de blé, ce surplus qui venait en aide aux pays qui en ont tant besoin.Quand nous aurons les médicaments adéquats et « le » vaccin, nous nous servirons, c’est bien normal.

Et que croyez-vous qu’il adviendra de l’Afrique ? Quand ces êtres humains seront-ils soignés comme nous ? Là, on est dans l’insupportable, le vrai. L’Afrique et quelques autres pays dans le monde n’a pas la voix qui porte ; on ne l’entend pas.

Il y a toujours un prix à payer - Offin Kiawete - EMCI TV

En conclusion ?

Les petits bonheurs de certains ne plaisent pas à tous, loin de là. Oui, nous avons atteint les limites de notre modèle économique, et aussi de notre modèle de soins de santé. Mais combien faudra-t-il payer ?

Et quelle somme de malheurs pour ces petites améliorations de vie ! On sait que l’après ne ressemblera pas à l’avant. Mais que va-t-on proposer de mieux ? Et qui va le proposer ? A quel prix ?

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