Entrée en Europe : les futurs outils ETIAS et EES suscitent des inquiétudes

Avec la mise en place de l’autorisation numérique (ETIAS) d’un côté, du protocole “Entry/Exit System” (EES) de l’autre, l’Europe se dote de deux nouveaux systèmes de gestion des frontières visant à mieux la protéger, notamment du risque terroriste, des migrations illégales et du vol d’identité. Autre objectif, diminuer les temps de procédures et de demande des voyageurs extra-européens. Mais l’EES risque, dès la rentrée prochaine, de dégrader sérieusement l’expérience passager vécue à leur arrivée dans un aéroport européen.

Faut-il plutôt s’en féliciter ou s’en inquiéter ? Renforcer la sécurité des Européens est bien sûr au coeur du système ETIAS comme du protocole “Entry/Exit System”. Mais l’EES, dont la mise en place est prévue en septembre prochain, pourraient bien fortement dégrader l’expérience passager des ressortissants des pays tiers de l’Union Européenne entrant dans l’un de ses États Membres. Cela fait d’ailleurs plusieurs mois que les grandes organisations représentatives des secteurs du voyage et du transport aérien français tirent la sonnette d’alarme, prévoyant un doublement des temps de traitement des flux de passagers dans les aéroports.

Elles en demandent un nouveau report, estimant les délais trop courts à la fois pour se doter des équipements, les tester et former à leur usage. L’EES vise en effet à automatiser le contrôle aux frontières, à remplacer le tampon manuel des passeports, ce qui doit, à terme, permettre de gagner aussi du temps. Mais l’outil s’inscrit d’abord dans une démarche sécuritaire. Les passagers, à l’arrivée, vont ainsi devoir se soumettre au scan de documents et à la collecte de données biométriques, soit la capture d’une image faciale et la prise d’une empreinte digitale. De quoi disposer, d’un simple coup d’oeil, des dates et lieux d’entrée et de sortie dans l’espace européen. La police de l’air belge aurait déjà acheté plus de 200 caméras pour collecter ces données biométriques. Et le gouvernement fédéral plancherait sur le cadre législatif.

L’ETIAS destiné aux voyageurs de 61 pays hors-UE

L’UE instaure également l’ETIAS (European Travel Information and Authorization System) à compter de mai 2023. Similaire à l’ESTA américain, l’outil est censé, lui aussi, faciliter la gestion des flux à l’arrivée dans les aéroports européens. Il est destiné aux voyageurs de 61 pays hors-UE (Britanniques, Canadiens, Américains, Japonais…) pouvant entrer dans l’espace Shengen sans visas. L’ETIAS coûtera 7 euros, sera demandé pour tous les voyages jusqu’à 90 jours, sera valable trois ans pour des entrées multiples dans n’importe quel pays de la zone Schengen, et devra être obtenu au moins 96 heures avant le départ.

Seuls les personnes de 18 à 70 ans devront en être munis, qu’ils voyagent en avion, en bateau ou en voiture. Mais l’ETIAS n’est pas qu’un simple petit formulaire. Pour l’obtenir, il faudra fournir des informations sur son identité, son passeport, sa formation, son emploi, ses voyages récents, ses condamnations pénales, ses expulsions d’un pays et les raisons d’une telle décision. Les informations seront recoupées avec les données de sécurité de l’UE. Et la demande pourra être refusée si des éléments suspects ou à risque sont décelés, ou si le demandeur ne répond pas à une convocation à un entretien supplémentaire.

Quand la Grande-Bretagne sort du bois…

Les deux nouveaux systèmes de gestion des frontières commencent à faire réagir au-delà des organiations professionnelles. La plupart des voyageurs de pays hors-UE viennent de pays lointains. La Grande-Bretagne se distingue, avec des défis liés au fait que ses ressortissants sont nombreux à se rendre sur le continent en train (Eurostar) ou voiture. Avec l’EES, tous les passagers devront ainsi sortir du véhicule pour effectuer un contrôle des données biométriques… Nos voisins d’outre-Manche se préoccuupent aussi des « droits et libertés des citoyens britanniques« . La Commission de la justice et des affaires intérieures de la Chambre des Lords a ainsi insisté sur « les défis éthiques, juridiques et logistiques qui restaient à relever« . Quand il s’agit de l’Europe, les Anglais tirent toujours les premiers…

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