Gares, aéroports : chaos en vue avec le système de contrôle aux frontières EES ?

Le protocole EES (Entry Exit System ou système d’entrée-sortie) devait entrer en vigueur en mai 2023. Les compagnies aériennes et leurs représentants (IATA, ACI Europe, A4E, ERA…), ainsi que des aéroports, gares et compagnies ferroviaires, avaient alors alerté sur le risque de chaos qu’il faisait porter sur leur activité. Sa mise en place est d’abord reportée de six mois, à novembre dernier. Elle est désormais fixée à octobre 2024…

Pour rappel, EES vise à renforcer le contrôle aux frontières des ressortissants extra-européens entrant dans l’un des pays membres – dont les Britanniques depuis le Brexit. Il correspond à une double identification biométrique pour tous les voyageurs internationaux souhaitant entrer dans l’espace Schengen depuis un pays tiers exempté de l’obligation de visa ou titulaire de visas de court séjour.

La semaine dernière, Augustin de Romanet, le patron d’Aéroports de Paris (ADP), a témoigné d’une crainte d’autant plus vive qu’un nouveau report au-delà d’octobre prochain est peu probable. « Je suis très inquiet là-dessus et je pèse mes mots », a-t-il alerté, anticipant des temps d’attente avoisinant ou dépassant 1 heure sur Roissy par exemple.

L’inquiétude est surtout grande en Grande-Bretagne, d’autant plus concernée que ses ressortissants sont très nombreux à se rendre sur le continent (en train, avion, voiture et bateau…), à la différence des visiteurs venant de pays lointains. Le maire travailliste de Londres Sadiq Khan, la semaine dernière, s’est publiquement inquièté du « signal terrible » qu’enverrait au monde le « chaos » annoncé à la gare St Pancras d’où part l’Eurostar, évoquant « des réductions de services et des files d’attente potentiellement énormes pour les passagers aux heures de pointe« .

La mairie de la capitale anglaise alerte sur le fait que le gouvernement français a prévu d’allouer 24 guichets de contrôle pour l’EES «alors que des modélisations suggèrent qu’il en faudrait près de 50 en heures de pointe». La compagnie transmanche Eurostar a elle aussi manifesté publiquement son inquiétude, estimant que le nouveau système avait été davantage conçu pour les aéroports que pour les gares ferroviaires.

Le mois dernier, un comité parlementaire britannique s’inquiétait des retards importants – jusqu’à 14 heures selon eux – que l’EES pourrait entraîner aux frontières, craignant d’abord la situation à venir dans les gares maritimes comme Douvres, où il y a moins d’espace pour accueillir les voyageurs que dans les gares ferroviaires et les aéroports. Les passagers des voitures et autres autocars devront en outre sortir des véhicules pour permettre la double identification biométrique. L’association britannique de voyages ABTA a recemment résumé la situation en parlant d’une « inquiétude généralisée »…

Qu’en est-il de Brussels Airport ? Il y a deux ans, la police de l’air belge déclarait avoir déjà acheté plus de 200 caméras pour collecter les données biométriques. Et le gouvernement fédéral indiquait alors plancher depuis des mois sur le cadre législatif.

L’EES, dans le détail, vise à remplacer le tampon manuel des passeports, afin de renforcer la sécurité et – à terme – de gagner du temps. Les passagers, à l’arrivée, vont devoir se soumettre au scan de documents et à la collecte de données biométriques, soit la capture d’une image faciale et la prise d’une empreinte digitale. De quoi disposer, d’un simple coup d’oeil, des dates et lieux d’entrée et de sortie dans l’espace européen. Mais la Commission européenne, consciente des difficultés techniques et du manque d’effectifs des polices des frontières, semble se ranger à l’idée que le protocole soit introduit de manière progressive et flexible.

L’Europe, rappelons-le, met aussi en place l’ETIAS – l’équivalent de l’ECTA américain – en 2025, ceci afin de renforcer là encore la sécurité. Cette « autorisation de voyage » sera demandée aux ressortissants d’une soixantaine de pays hors Union européenne, aujourd’hui autorisés à se rendre dans les pays de l’espace Schengen élargi pour une durée maximale de 90 jours sans visa. Elle sera requise par entrer dans l’un ou plusieurs des 30 Etats membres de l’espace Schengen élargi, moyennant l’acquittement d’une taxe de 7 €.

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