La schizophrénie du client ou de l’épargnant qui souhaite être écolo

La COP 26 aura lieu dimanche prochain à Glasgow et tout le monde s’en réjouit. D’abord parce que celle de l’an dernier avait été annulée et ensuite parce que les États-Unis ont rejoint les 189 autres pays pour lutter contre le réchauffement climatique.

Au-delà des discours de la COP 26, faites attention à une seule chose : les faits. Et les faits sont hélas têtus. Les délégations du monde entier vont parler de la manière de nous éviter la catastrophe climatique, mais en attendant des pays comme l’Allemagne et les Chine font tourner à fond leur production de charbon pour répondre à leur besoin d’électricité.

Et puis, votre facture en est la preuve, le cours du pétrole et du gaz n’ont jamais été aussi haut depuis longtemps. Autrement dit, durant la messe de Glasgow, dites-vous bien que tous ceux qui y officient le font à un moment où la bonne veille énergie fossile n’a jamais eu autant la cote.

Cela signifie aussi que la croissance économique est forte et que la sortie de la pandémie a mis à mal les prédictions des économistes. Le chômage n’a pas augmenté (au contraire, on manque de bras et de cerveaux) et les salaires sont à la hausse. On manque aussi d’un tas de produits par manque de stock et suite à l’explosion de la demande mondiale, et les faillites n’ont pas eu lieu, contrairement aux alertes des uns et des autres.

L’économie mondiale tourne donc à plein régime et c’est bon pour les énergies fossiles. Cela pose d’ailleurs un souci aux gestionnaires de patrimoine, ces banquiers qui gèrent l’argent des citoyens qui ont un peu ou beaucoup d’épargne. Tous ces banquiers n’ont pas hésité à nous vendre ces dernières années des tas de placements dits verts. C’est d’ailleurs la mode, toutes les banques veulent être vertes dans les placements qu’elles proposent à leurs clients.

Ce n’est même plus original en termes de marketing. En revanche, on assiste aujourd’hui à quelques coups de canif dans ce contrat moral. En effet, ne pas avoir des actions dans le secteur des énergies fossiles aujourd’hui, ça revient à perdre du rendement. La preuve, l’indice énergie du S&P 500 a grimpé de 54% contre seulement 21% pour l’indice S&P général. Autrement dit, les actions énergétiques cartonnent en ce moment, et si on veut doper son rendement, il faut en avoir en portefeuille.

L’idée des gérants en actions, c’est que le client ou l’épargnant est écolo en temps normal, mais que si sa performance est au-dessus de la moyenne, il aura souvent – je n’ai pas dit toujours – mais souvent tendance à être amnésique. Cette schizophrénie n’est pas nouvelle. Le salarié d’hier qui se plaignait des délocalisations était le même qui allait dans telle enseigne connue acheter des chemises fabriquées à bas prix au Bengladesh. Son simple acte d’achat détruisait son emploi ou celui d’un autre.

C’est notre problème collectif. Nous portons plusieurs casquettes quotidiennes sans nous en rendre compte : celles de citoyen, de salarié, de consommateur, d’épargnant ou de patient. Et selon la casquette que nous portons, les intérêts divergent. C’est normal, on nous demande de respecter le cahier des charges d’un ange alors que nous ne sommes que des humains.

 

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