L’Arabie Saoudite se rêve en destination phare du tourisme de luxe

La COP28, le sommet mondial de l’action pour le climat, a accouché d’un accord ce mercredi matin à Dubaï. L’Arabie Saoudite, en première ligne parmi les membres de l’OPEP, aura fini par acter une sortie « à terme » des énergies fossiles. Le Royaume saoudien est bien sûr lucide, depuis longtemps, sur le fait que la manne pétrolière va progressivement se tarir.

Le prince-héritier Mohamed Ben Salmane s’emploie ainsi, depuis des années, à soutenir la diversification de l’économie saoudienne, à attirer des compétences et des devises étrangères, à répondre au souhait d’une partie de la jeunesse tout en évitant de crisper les conservateurs qui veulent consolider l’ultra-rigorisme wahhabite ailleurs que dans certains lieux touristiques clairement identifiés. Parmi ceux-ci, on pense bien sûr à AlUla (1) mais aussi à Neom et Trojena (notre article En Arabie Saoudite, le site des JO asiatiques d’hiver 2029 reste à construire…).

Le site d’Amaala en passe de devenir une destination de luxe sur les rives de la mer Rouge, sur la côte nord-ouest de l’Arabie Saoudite

Comme en témoigne son ambitieux programme Vision 2030, la diversification de l’économie passe clairement par le tourisme, dont la part dans le PIB est passée de 3 % en 2019 à 7 % aujourd’hui. L’Arabie Saoudite s’est ainsi fixée un objectif ultra ambitieux d’accueillir 150 millions de visiteurs par an d’ici 2030, contre… 18 millions de visiteurs en 2022.

« Le ministère du Tourisme d’Arabie saoudite prévoit 6 000 milliards de dollars d’opportunités d’investissement dans le secteur du voyage et du tourisme jusqu’en 2030. Avec plus de 300 000 chambres d’hôtel en construction dans l’intervalle, le secteur hôtelier saoudien est parmi les plus dynamiques au monde, avec une abondance d’opportunités pour les pairs de l’industrie du monde entier« .

Ce propos enthousiaste est celui de Mark De Cocinis, CEO de Boutique Group, le premier groupe hôtelier de luxe du Royaume, filiale du Fonds d’Investissement Public (PIF), qui présentait, lors du salon ILTM Cannes la semaine dernière (2), son portefeuille de palais historiques et culturels actuellement transformés en hôtels de luxe dans ce pays. Des propriétés auparavant inaccessibles telles que le Red Palace à Riyad, autrefois résidence du roi Saoud avant d’être le siège du Conseil des ministres pendant trois décennies, Al Hamra Palace à Djeddah, et le Tuwaiq Palace, lauréat du prix Aga Khan, reconnu comme l’un des monuments architecturaux les plus importants de Riyad.

Shebara

Le PIF est surtout à la manoeuvre en tant que propriétaire de Red Sea Global (RSG), et à ce titre développeur des projets The Red Sea et Amaala, situés tous deux sur les rives de la mer Rouge. RSG a annoncé récemment qu’il exploiterait sa propre marque d’hôtel de luxe au sein de la destination The Red Sea : Shebara. Ce complexe ouvrira ses portes à l’été 2024. Situé sur l’île de Sheybarah, dans le lagon d’Al Wajh, il comprendra 73 clés, dont des villas sur l’eau en acier inoxydable, et des villas sur la plage. Les clients arriveront en 45 minutes de bateau depuis le continent ou en 20 minutes en hydravion.

Shebara rejoindra une liste de marques d’hôtellerie de renommée internationale opérant à The Red Sea, dont le St. Regis et Ritz Carlton Reserve, ainsi que le Six Senses Southern Dunes, qui reçoit des clients depuis quelques semaines dans ses 36 chambres et suites et 40 villas avec piscines, son spa et ses trois restaurants. L’aéroport international de The Red Sea accueille pour sa part des vols réguliers depuis septembre.

Six Senses Southern Dunes

Une fois achevée à l’horizon 2030, la destination pourrait comprendre 50 complexes hôteliers, offrant jusqu’à 8 000 chambres d’hôtel et plus de 1 000 propriétés résidentielles réparties sur 22 îles et six sites à l’intérieur des terres. La destination serait aussi dotée de marinas de luxe, de terrains de golf, d’installations de divertissement, de restauration et de loisirs.

Des parcs solaires doivent alimenter les nouveaux complexes en électricité. En revanche, dessaler l’eau de mer coûte cher et génère une boue salée et riche en minéraux, la saumure, généralement relachée dans la mer. Avec des effets néfastes sur la faune et la flore. Comme le souligne Christophe Mori, un spécialiste de l’eau douce à l’Université de Corse : “Utiliser une unité de dessalement, c’est comme allumer la climatisation”…

(1) AlUla est un carrefour culturel riche d’un héritage de 7 000 ans de civilisation et de 200 000 ans de présence humaine, dont le site de Hégra fut la capitale méridionale du royaume nabatéen au premier millénaire avant notre ère.

(2) l’ILTM Cannes, organisé la semaine dernière, est l’événement mondial du tourisme de luxe. L’année dernière, plus de 3 600 professionnels de l’industrie de 77 pays se sont réunis lors d’une série de réunions individuelles et d’événements de networking.

 

1 COMMENTAIRE

  1. Depuis quelque temps, on sent bien que ça bouge dans ce désert de sable. J’ai donc fait un questionnaire qui concerne la femme que je suis et ai obtenu des réponses satisfaisantes sur l’habillement, la possibilité de conduire et de se déplacer. Par contre, à la question : sert-on du vin et de l’alcool dans les hôtels, il m’a été répondu nettement : NON, c’est interdit. Ce qui me fait dire que ce n’est pas une destination pour les Français et pour les Belges, probablement pas pour les Allemands non plus. Mourir de soif dans le désert, c’est une laide mort.

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