Un équipage constant, dont le guide Ansou - à bord depuis le début (©Movi Press)

Nous avons narré hier notre croisière à bord du Bou El Mogdad qui navigue sur le fleuve Sénégal, notre périple jour après jour à bord du steamer blanc. Mais au fait, qu’en pensent les professionnels et les clients ? Nous leur avons donné la parole.

Les nombreux T.O. qui aujourd’hui le distribuent en Belgique ne savent pas tous que l’aventure du Bou el Mogdad doit beaucoup à la volonté et à l’enthousiasme un peu fou de l’homme le plus célèbre de Saint Louis, Jean-Jacques Bancal, et de quelques Belges amoureux du Sénégal. Le premier est le propriétaire du bateau, il possède des établissements hôteliers, une agence touristique, une maison de production de films et il est initiateur de projets humanitaires dans toute la région. Les Belges, les autres actionnaires, contribuent depuis dix-huit ans à faire connaître leur ‘bébé’ en Belgique, d’abord par le simple bouche à oreille, ensuite par le circuit traditionnel des agences de voyages.

C’est le voyageur qui s’adapte, pas l’inverse

Un tourisme durable, avec la participation à des projets de développement sur place (©Movi Press)

Quand on a la chance de croiser le propriétaire, toujours sur un nouveau projet, ou un des actionnaires du Bou, en discrètes vacances, le discours reste le même au fil des ans et du succès de la croisière. Il est encore et toujours utile de rappeler aux agents de voyages, dont les clients ne sont parfois pas encore bien mis au courant, de ce qui les attend sur place. La plupart se montrent curieux et enchantés d’une expérience inattendue, d’autres sont parfois très déconcertés par un produit qui ne répond pas du tout à leurs attentes. Certains croient encore qu’ils vont trouver un produit MSC et perdent leurs repères. Or, le concept du Bou, c’est clairement le touriste qui s’adapte plutôt que l’inverse. Même si tout est mis en œuvre pour lui rendre le séjour le plus merveilleux possible.

Les propriétaires

Ainsi les profils visés par les propriétaires sont clairs – et constants. Avant tout les croisiéristes fluviaux. « C’est une clientèle très précise, qu’on trouve beaucoup en Belgique. Les habitués des croisières en mer sur des paquebots ne trouveront pas leur compte sauf s’ils sont très curieux et très ouverts. » Les voyageurs qui aiment découvrir une zone touristique peu connue, même peu développée, et qui sont tentés par les plaisirs du bateau. « Les amoureux de la rencontre, entre gens du bateau et gens de la terre, les amateurs d’expériences humaines simples. » Ceux qui cherchent une croisière unique en Afrique, « A part, peut-être sur le Nil, mais les bateaux et les sites sont très différents. » Enfin, les entreprises qui cherchent un bon incentive « qui restera dans les mémoires puisqu’on répond toutes les demandes. »

Surtout préoccupés par la bonne santé de leur bateau, ils entendent néanmoins lorsque la suggestion est exprimée par certains repeaters de « changer de sites afin de ne pas transformer les élus en village-témoin qui attend la manne ». Les visites gagneraient en surprise et naturel. Les enfants s’habitueraient moins à recevoir, les achats locaux seraient mieux répartis. A ce sujet, il est impératif de continuer à prévenir les clients : ne rien donner en direct – s’ils souhaitent faire des dons, l’idéal est d’acheter local (matériel scolaire ou alimentaire) et de tout donner au guide qui transmet au professeur ou au chef de village. Il y a encore des touristes qui distribuent des bonbons…

Les intermédiaires

Un produit intime et cordial, pour les croisiéristes fluviaux (©Movi Press)

C’est pourquoi Travel Sensations, avec qui nous sommes partis, implore les agents de voyage de les appeler quand le client est en face d’eux. Paul Lorsignol, sales & marketing manager Travel Sensations : « En présence du client, on double le taux de réalisation ! Les AV ont trop à gérer, ils ne connaissent pas nécessairement les infos importantes, les saisons, ce qui est fermé, les caractéristiques du produit, ils omettent des détails importants. Or, ils peuvent nous interroger en direct en fonction des questions et des souhaits du client qui se trouve en face d’eux. Nous tapons constamment sur le clou, notamment via un mailing hebdomadaire – que 70% n’ouvre pas. »

Pour le Bou El Mogdad, les agences contactées ont confirmé leur totale confiance en ce T.O. qu’on dit aussi parfois plus cher que ses concurrents. « Parfois, peut-être. Mais c’est parce que nous ne nous contentons pas de filer le dossier au DMC. Nos agents locaux sont très proactifs, ils vérifient la qualité et l’évolution des hôtels et ils cherchent aussi des nouveautés et des produits originaux. Nous travaillons avec des équipes stables, des guides engagés en CDI et issus des communautés, nous les payons bien. Et, en cas de problème, nous sommes très réactifs. Par ailleurs, mais nous ne nous en vantons pas, nous travaillons sur plusieurs projets de développement durable là où nous envoyons nos clients. Il y en beaucoup au Sénégal. »

Simon Lemaire ajoute que les clients peuvent être associés à ce tourisme durable et d’engagement, notamment à travers le circuit Sénégal solidaire, encore davantage proche des habitants. « Les Belges aiment ce genre de produit. Quant au Bou, c’est un peu leur histoire. Et il y a de nombreux compatriotes installés là-bas. Le Sénégal est la destination-phare de l’Afrique. Malgré la très forte augmentation de toutes les prestations, jusqu’à 40% plus chères qu’en 2019, les voyageurs continuent de marquer un grand intérêt pour la destination et le bateau. Dépaysement total après un vol direct de 6h, pas de décalage horaire et soleil garanti. »

La directrice de croisière

Pivot central de la croisière, Françoise Sarr, sur le fleuve depuis l’an dernier, appelle à mieux préparer les clients en amont. Il y a les habitués, certains jusqu’à 6 fois. Et puis les autres.

« Les agents de voyage doivent bien raconter le concept car, une fois sur place, on ne peut pas tout réparer avec des mots. Il faut pousser les clients à prendre une cabine Confort avec salle de bain -elles le seront toutes dans le futur mais certains sont encore étonnés en découvrant les standards avec sanitaires à partager. Il faut leur montrer de meilleures photos, expliquer qu’il s’agit d’un petit bateau. »

« Aux clients, je demande de ne pas hésiter et de ne pas attendre pour signaler quelque chose – à peu près tout peut se régler directement. Evidemment, il y a toujours des gens qui réclament par nature mais, la plupart du temps tous les voyageurs sont très positifs. »

« Aux compagnies aériennes, nous demandons un effort pour les bagages qui ne suivent pas. Parfois ils sont réceptionnés le premier jour, mais aussi au milieu de la croisière ou à la fin. Les clients sont solidaires, on se prête des robes et des shorts, mais ce n’est pas agréable. »

« Aux commerciaux, nous lançons le défi d’abaisser la moyenne d’âge des passagers. Bien sûr, ce sont les plus âgés et les retraités qui ont le plus de moyens et de temps. Et les prix ont explosé sur tous les plans. Mais ce bateau convient aussi aux plus jeunes, c’est certain. »

Des clients sous le charme

Des voyageurs sous le charme du bateau et de la rencontre (©Movi Press)

Le Bou el Mogdad, est un produit d’aventure de qualité pour le middle market. Son coût de base, abordable, souffre actuellement de la hausse des prix aériens. Mais tout le monde reste optimiste. Une bonne partie des passagers qui ont embarqué avec nous connaissaient le Sénégal, mais rares sont ceux qui étaient déjà remontés au-delà de Dakar, se limitant à la verte Casamance ou aux plages de Saly. Tous (majorité de Belges et Français) étaient heureux de découvrir l’ancienne capitale de l’Afrique occidentale française, nichée aux confins de l’Atlantique, du désert de Mauritanie, du Sahel et de l’embouchure du fleuve.

Le bateau, atypique, les a tous enchantés – même ceux qui n’avaient pas été avertis du concept et qui n’ont pas manqué de le relever tout en s’adaptant avec plaisir. Détente et découverte, convivialité et respect, bonne cuisine, bonne ambiance – ce sont les mots les plus prononcés par la quarantaine de passagers qui auraient bien tous prolongé l’expérience.

Lire L’EXPERIENCE (1/3) et OCEAN & SAVANE, L’EXTENSION DU BOU (3/3)

EN PRATIQUE

. SN Brussels Airlines relie Bruxelles à Dakar sept fois par semaine avec un départ de jour et un retour de nuit pour un vol de 6h. Les transferts jusqu’à Saint-Louis et Podor (selon le sens de la croisière) sont assurés par le T.O. Travel Sensations. Le français est une des langues officielles du pays et on achète les francs CFA à l’arrivée. Courant 220 volts partout et sur le bateau. La croisière est vraiment all in, toute la journée.

. Passeport valable six mois après le retour – pas de visa. Aucun vaccin obligatoire outre les usuels. Répulsif moustiques sur terre mais les insectes n’embarquent pas sur la croisière. A l’issue de celle-ci, outre Océan & Savane, les environs de Saint-Louis proposent d’autres activités et visites – n’hésitez pas à conseiller vos clients.

En savoir plus

. Travel Sensations https://www.travel-sensations.com/fr/ + simon.lemaire@travel-sensations.com + paul.lorsignol@travel-sensations.com

. Bou el Mogdad bouelmogdad.com/

. Océan & Savane oceanetsavane.com/

. La Résidence hoteldelaresidence.com/

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