Le voyage à thème, planche de salut de l’agence de voyages ?

Est-ce un hasard si deux de mes étudiantes en Tourisme ont choisi de faire leur mémoire de fin d’études sur le voyage à thème, en anglais le “Special Interest Tour” ? Le plus intéressant, c’est que toutes deux terminent par la même conclusion : s’il y a bien un moyen de sauver l’agence de voyages, c’est celui-là !

Lucidement, elles s’interrogent sur l’avenir des agences qui sont uniquement revendeuses de produits packagés par les TO. Il est évident que ces voyagistes sont de plus en plus tournés vers le B2C. Et tout les y conduit : ils disposent des noms, adresses, téléphone et adresse mail de tous les voyageurs. En les attirant en direct, ils économisent la commission d’agence, ce qui est loin d’être négligeable.

Si jadis les TO avaient besoin d’un réseau de revendeurs, c’est moins le cas aujourd’hui puisque les seuls arguments qui restent au profit de l’agent de voyages, ce sont son conseil, sa proximité et le contact humain. Ce n’est pas rien non plus, mais cela parle de moins en moins aux jeunes générations.

Le voyage à thème, donc, comme solution ? Tous, nous appartenons à l’une ou l’autre association, amicale, groupe d’intérêt spécifique. Et tous ces groupes voyagent ! Ils ont, eux, besoin d’une agence parce qu’ils ont plus que le touriste lambda besoin de conseils et d’organisation.

La première fois que j’ai perçu la spécialisation, c’est en rencontrant Harry Baum à Londres, qui avait fondé Spectra (pour Specialised Travel) au début des années ‘70. Harry était un amateur passionné de musique, et son agence avait choisi ce créneau : il déplaçait un nombre important de groupes à travers le monde sur ce thème précis. Comme agent réceptif en Belgique, j’ai eu l’occasion de travailler énormément sur des “special interest tours”, évidemment en premier lieu sur des groupes sportifs : football, basket, judo, etc.

Nous avons géré aussi bien des équipes envoyées par une agence anglaise spécialisée (TMG), recevant Chelsea par deux fois, Arsenal par deux fois, Newcastle et d’autres. Et nous avions géré les supporters des deux camps lors du fameux “match de la peur” en ouverture de l’Euro 2000, entre l’Angleterre et l’Allemagne, à Charleroi. Avec après coup les félicitations de la police de la ville pour notre organisation.

Mais nous avons fait des programmes bien plus spécialisés, j’en cite quelques-uns : pour des colombophiles japonais, pour des producteurs de pommes suédois, pour des peintres amateurs américains, pour une doctorante américaine qui venait étudier des chefs-d’œuvre de la peinture de la Renaissance sous l’aspect ésotérique et symbolique ! Je n’oublie pas non plus ce groupe de Danois qui ne voyageait que pour se rendre dans des restaurants étoilés. Il y a de quoi faire…

Un DMC accepte évidement tout voyage à thème vers sa destination, mais l’important, c’est que derrière ce voyage à thème, il y ait une agence émettrice qui s’est spécialisée. Au lieu d’attendre le client dans son officine, elle est proactive dans sa spécialité, son marketing est dirigé directement vers sa ou ses cibles, et elle s’occupe essentiellement de groupes plutôt que d’individuels, avec l’avantage financier que cela procure.

Pour info, le choix des thèmes de mes étudiantes était pour l’une le “Dark Tourisme” dont elle fait une analyse exhaustive et critique, et pour l’autre le tourisme d’inspiration royale, avec la visite des palais, les voyages pour les événements royaux ou princiers, etc. Il en faut pour tous les goûts, et la liste des thèmes est très, très longue.

Marc Dans

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