Marché saturé et capitalisme d’addiction

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Le marché des smartphones est en recul: c’est une première depuis dix ans. Mais les fabricants de smartphones ne sont pas inquiets, ils savent qu’ils peuvent se rattraper sur les services, et la clé de ces services, c’est notre addiction. Raison pour laquelle on parle de capitalisme d’addiction!

Barcelone était le lieu de rendez-vous cette semaine des opérateurs téléphoniques du monde entier. Mais la grande messe mondiale de la mobilophonie a aussi servi de révélateur : le marché des smartphones est en entré en phase de déclin. L’année 2018 a servi de déclic puisqu’elle s’est soldée par un -5% des ventes de smartphones au niveau mondial. Même la Chine a subi un recul de 11%. Et d’après les experts, il ne s’agit pas là d’un trou d’air momentané, mais d’une tendance lourde.

La meilleure preuve, c’est que la durée de détention des smartphones augmente. En France, pays similaire à la Belgique (je n’ai hélas pas les chiffres pour notre pays), la durée moyenne de détention est aujourd’hui de 2 ans. La faute à qui ? Mais à la lassitude !

En économie, on parle plutôt de marché arrivé à saturation, c’est plus chic. Et c’est effectivement le cas, aujourd’hui, deux personnes sur trois possèdent déjà un smartphone. Mais la lassitude des consommateurs ne tombe pas du ciel, elle est la résultante de deux phénomènes.

« La lassitude des consommateurs vis-à-vis des smartphones ne tombe pas du ciel, elle est la résultante de deux phénomènes »

D’abord, le prix des smartphones qui ne fait que grimper. Le prix moyen a augmenté de 10% et les smartphones à plus de 1000 euros sont aujourd’hui légion. Bien entendu, les fabricants tentent de justifier cette hausse des prix : tantôt parce que l’écran est plus grand, tantôt parce qu’il est plus design ou parce que la capacité de stockage est plus importante.

L’autre raison du manque d’appétit des consommateurs, c’est l’absence d’innovation dans le secteur des smartphones. Bien entendu, on pourrait citer le dernier smartphone pliable de Samsung, mais au-delà de l’exploit technologique, qu’en sera l’usage ? Limité sans doute, et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle Samsung le proposera autour des 2.000 euros, ce qui prouve que ce marché du mobile pliable est un marché de niche.

Vu comme cela, il serait aisé de se dire que la messe est dite et que les fabricants de smartphones ont mangé leur pain blanc. Ce serait une erreur de le penser.

L’exemple d’Apple est d’ailleurs là pour le confirmer. C’est vrai que la firme à la pomme vend du hardware. Et elle le vend bien et très cher, avec une belle marge de 40% sur chaque iPhone. Mais Apple vend aussi des services et de plus en plus de services. Via Apple Store, Apple Music ou Apple Pay pour n’en citer que quelques-uns. Or, sur ce segment les marges sont encore plus juteuses (65%).

Tim Cook, le patron d’Apple l’a bien compris, la clé de voûte pour Apple, c’est sa base d’utilisateurs. Plus cette base est importante, et plus Apple sera riche. Pour peu qu’Apple arrive à fidéliser sa base d’utilisateurs, elle pourra leur vendre cher et vilain de nombreux services forcément… INDISPENSABLES.

Enfin, c’est ce qu’on essaie de nous inculquer. Avec hélas beaucoup de succès jusqu’à présent. Bienvenu au capitalisme d’addiction !

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