Passé colonial: les entreprises priées de « photoshoper » certains de leurs produits

Dans l’affaire des statues déboulonnées, Boris Johnson, le premier ministre britannique s’est prononcé contre toute volonté de « réécrire », ou de « photoshoper », le passé. L’expression est jolie et concerne également notre pays avec son passé colonial. Mais attention, ce débat affecte fortement les patrons et les politiques et ils devront également en tirer des conclusions.

Les entreprises sont aussi dans la ligne de mire. Leur communication évoluera désormais en terrain miné. Il y a quelques jours, le géant de l’agroalimentaire Mars, sous la pression du mouvement « Black Lives Matter », a dû promettre de changer l’identité visuelle de sa marque centenaire Uncle Ben’s. En France, la même pression avait déjà eu lieu (il y a quelques années) avec la marque Banania, obligée de se séparer de son slogan « Y’a bon » jugé trop choquant.

Qu’elle soit exagérée, motivée ou pas, la critique est prise en compte aujourd’hui par les entreprises concernées. La raison ou plutôt les raisons ? Tout d’abord, si la marque ne bouge pas, elle risque d’être boycottée, via la caisse de résonance des réseaux sociaux. Ensuite, c’est également devenu un enjeu de ressources humaines, car pour attirer et séduire les jeunes générations, l’entreprise doit leur montrer qu’elle partage les mêmes valeurs qu’eux. Ça c’est pour le volet entreprise.

Quant aux politiques, s’ils pouvaient « photoshoper » leur passé comme le dit Boris Johnson, ils n’hésiteraient plus. La pandémie l’a encore montré, ils devront apprendre à avaler un crapaud chaque jour avant d’exercer leur métier. Des citoyens français, italiens, belges ont en effet décidé d’attaquer en justice leurs responsables politiques. Normal, après le décompte des victimes, certains cherchent des responsables, voire des coupables.

Le philosophe André Comte-Sponville a raison de rappeler que l’élève qui fait une erreur de calcul dans un devoir est assurément responsable, mais il n’y a aucune raison de dire qu’il est coupable car s’il avait su que c’était une erreur, il ne l’aurait pas commise ! Remplacez le mot « étudiant » par « politique » et vous verrez les choses avec un autre oeil.

Prendre une décision en incertitude, c’est prendre un risque. Or, c’est ce que doivent faire très souvent les politiques. Et si la décision est mauvaise, c’est simple, il suffit de ne plus voter pour cette personne ! Mais si à ce risque de ne pas être réélu, les citoyens ajoutent en plus le risque judiciaire, c’est simple : plus personne ne voudra exercer une activité politique. Ou pire encore, les politiques agiront en pensant d’abord à se protéger pénalement avant de nous servir. Leur seule politique sera la politique du parapluie.

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