Quatre villes impériales d’un Maroc éternel (1)

Dans les ruelles blanches et turquoises de la kasbah Udaya de Rabat, peu fréquentées lors de notre passage – si ce n’est par les quelques félins locaux © Michael Boumal

En témoigne une hausse de 10% des visiteurs étrangers en 2017, le Maroc reste une destination populaire. Et ses « villes impériales » — désignées comme capitales à diverses époques par différents monarques issus des dynasties locales — demeurent les principaux atouts d’une destination éminemment culturelle.

Chacune est associée à une couleur : ocre pour Marrakech, bleu pour Fès, blanc pour Rabat, vert pour Meknès, la couleur souvent dominante du paysage urbain. Ces dynasties y ont laissé plus que des traces, soigneusement conservées et entretenues. Mais chaque ville a aussi d’autres atouts à faire valoir, et un circuit des villes impériales mérite plus qu’un rapide tour d’horizon.

Le musée Yves-Saint-Laurent à Marrakech

© Michael Boumal

Marrakech est une destination phare qu’on ne présente plus. Sa Médina, la place Jemma el-Fna, ses souks et la vie nocturne qu’offre la ville sont toujours aussi populaires.

D’aucuns déploreront d’ailleurs le côté trop touristique de la ville, tandis que d’autres apprécieront son animation permanente.

Nous ne vous apprenons rien sur la sollicitation parfois excessive de certains commerçants et leur tentation souvent trop grande de faire gonfler les prix mais après tout, c’est de bonne guerre. Cela n’empêche cependant pas de profiter de la ville, même sans guide.

Notre coup de cœur : le musée Yves Saint-Laurent. Inauguré il y a un an, il constitue « la » nouveauté de Marrakech et a d’ores et déjà été reconnu pour la qualité de son architecture. Construit sur 4.000m², le musée se concentre bien entendu sur l’œuvre d’Yves Saint-Laurent, sans pour autant se limiter à la mode.

© Michael Boumal

On retrouve ainsi certaines de ses peintures, des photos iconiques de sa présence au Maroc – où Catherine Deneuve est particulièrement mise en valeur – mais aussi une bibliothèque de 5.000 ouvrages qui comporte de nombreux ouvrages arabes, andalous et sur l’art berbère.

Une nouveauté qui n’aura pas de mal à trouver son public, même parmi ceux qui ne s’intéressent pas spécialement à la mode.

Le musée se situe dans la rue du même nom, juste à côté du Jardin Majorelle, ce qui permet facilement de faire « d’une pierre deux coups » – à condition de s’armer de patience à l’entrée. Le Jardin ravira sans aucun doute les amateurs d’architecture et de botanique, tant par la villa art déco et sa couleur bleue si spécifique que par ses couloirs de palmiers, qui offrent une parenthèse très apaisante pour s’éloigner de l’animation de la ville.

Rabat, capitale méconnue ?  

Rabat, la capitale, est parfois reléguée au second plan par les touristes car considérée comme une ville de fonctionnaires au rôle purement administratif. S’il est vrai que la ville compte moins de touristes, on ressent pourtant très vite l’accueil bienveillant de ses habitants, tout comme le calme, qui contraste avec l’animation de Marrakech – ce qui en fait une deuxième étape idéale.

Mausolée-Hassan-II © Michael Boumal

Pourtant, Rabat bénéficie d’un patrimoine qui vaut la peine de s’y attarder, ne serait-ce qu’une journée.

La gigantesque Tour Hassan (minaret inachevé culminant à 44 mètres) qui surplombe le Mausolée des rois Hassan II et Mohammed V impressionne par son architecture, entourée des vestiges de ce qui devait devenir la plus grande mosquée du monde musulman (après celle de Samarra en Irak), avant que sa construction ne soit abandonnée puis endommagée par le tremblement de terre de Lisbonne de 1755.

Mais notre préférence va à la Kasbah des Oudaïa, ancien camp militaire désormais inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Après s’être attardé sur l’un des premiers palais bâtis par la dynastie des Alaouites et les jardins avoisinants, on trouve un réel plaisir à se perdre dans les ruelles blanches et turquoises de la kasbah, peu fréquentées lors de notre passage – si ce n’est par les quelques félins locaux.

Dans les ruelles blanches et turquoises de la kasbah Udaya de Rabat © Michael Boumal

L’atmosphère qui y règne est proche du silence et les jeux d’ombre et de lumière qui contrastent avec les couleurs des habitations offrent une ambiance unique.

Les ruelles ne sont parsemées que par très peu de petits commerçants, qu’on qualifierait presque de discrets.

En s’aventurant au bout des ruelles, on ne résiste pas à savourer un verre de thé à la menthe et quelques pâtisseries marocaines pour profiter de la vue surélevée qui donne sur la mer.

Meknès, pas indispensable

Il est vrai que nous avons eu moins le temps de nous attarder à Meknès, bien qu’il s’agisse de la troisième plus grande ville du royaume en termes d’habitants. Son patrimoine historique est essentiellement religieux, et on apprécie certes de s’attarder quelques instants devant la Bab [Porte] el-Mansour ou la Bab [Porte] el-Khemis, les Greniers de Moulay Ismail et les écuries royales qu’ils dissimulent.

Difficile d’en profiter sans guide, mais sauf pour les aficionados du patrimoine religieux ou les véritables passionnés d’architecture, l’escale à Meknès, ville pieuse et plus conservatrice, ne nous apparaît pas comme indispensable.

(à suivre)

Texte et photos: © Michaël Boumal

 

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