Voler ou sauver la planète : deux conceptions antinomiques

Il faut lire dans les médias spécialisés les projections de l’aviation pour les 20 ou 30 années à venir, qu’elles émanent des constructeurs ou des compagnies aériennes. On a vu ces dernières semaines des commandes gigantesques d’avion : 300 chez Ryanair, 600 chez Air India, 400 chez d’autres compagnies indiennes… Évidemment, il faut aussi en principe retrancher le nombre d’avions en fin de vie, mais soit.

Les compagnies aériennes et leur « porte parole » officiel, l’IATA, viennent aussi de publier les chiffres de leurs besoins en pilotes : 30.000 rien qu’en Amérique du Nord d’ici à 2032 (dans 8 ans !). Boeing a analysé le marché Eurasiatique et prévoit un besoin de 143.000 nouveaux pilotes d’ici à 2042, sur base des commandes d’avions commerciaux et de la forte reprise des voyages en général.

Et puis, face à ce monde que d’aucuns trouveront affairiste et aveugle quant aux problèmes de la planète, on trouve un nombre au moins équivalent de lanceurs d’alerte, certains diront d’oiseaux de mauvais augure, qui plaident pour la limitation (absurde à mon avis) à 4 vols par personne sur toute sa durée de vie, voire même l’interdiction pure et simple de l’aviation.

Des deux côtés les chiffres avancés sont dramatiques. L’aviation se lance avec l’industrie pétro-chimique  dans des études sur de nouveaux carburants propres -mais leur production l’est-elle ? Ou encore sur l’utilisation de moteurs électriques, mais les 13 sociétés de par le monde qui lancent des projets en sont à proposer des modèles pouvant transporter 4 ou 5 personnes en plus du pilote…

Autre réflexion qui vient à l’esprit : la lutte pour le « sauvetage de la planète » est le propre de personnes très éduquées dans des pays très développés comme l’Europe ou la Californie, et aussi de personnes qui n’ont pas trop de préoccupations sur l’emploi dans le monde. Mais jamais (sauf dans quelques siècles peut-être) on n’arrivera à convaincre les Chinois ou les Indiens (pour ne citer qu’eux) que la planète est en danger. Alors au mieux nous arriverons à dépolluer chez nous, mais nous subirons quand même la pollution provenant des autres régions du monde.

Il faut sérieusement réfléchir à tout cela, surtout quand on est agent de voyages. Le (ou la) pauvre agent est pris entre le marteau écologique et l’enclume des nécessités économiques. D’autant plus que sa plus grande création de valeur, c’est sur les voyages plus lointains, plus « difficiles » qu’il peut la réaliser. On ne voit pas comment il ou elle survivra sur le segment du camping, du trek à vélo ou de l’excursion en train à la mer.

Alors, que doit-on faire ? Si j’avais la réponse à cette question, je la dirais. Je n’en ai qu’une toute partie. Si au lieu de s’en prendre constamment aux gros symboles visibles que sont les voyages en avion ou en bateau de croisières, on commençait par être sans pitié pour les pollueurs individuels ? (Il y a 1,042 milliard de bateaux de tous types dans le monde, pour 380 navires de croisière).

Si on luttait efficacement contre le gaspillage ? Si on arrêtait de subsidier le transport de produits qu’on pourrait tout aussi bien faire naître chez nous, et favoriser un vrai circuit court ? Ce ne serait plus quelques milliers de transporteurs dans le monde qui seraient concernés, mais des milliards d’individus, pour la plupart à éduquer. Parce que tout vient de là.

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