Itchan Kala, la vieille ville intérieure bâtie sur l’ancienne oasis de Khiva, aujourd’hui musée à ciel ouvert

Au fil des siècles, l’ancienne Route de la Soie a tissé une toile somptueuse, parfois resplendissante, parfois ternie par les conquêtes guerrières. Aujourd’hui, depuis que cette route s’est affirmée au cœur d’un important enjeu économique et diplomatique dans la région euroasiatique, elle réalimente tous les fantasmes même si les chemins empruntés autrefois par les chevaux et les chameaux ont cédé la place aux lignes à grande vitesse et à la route.

Elle continue de nous faire rêver parce qu’elle touche une matière précieuse, la soie, qui se réfère au luxe et à la rareté, parce qu’elle véhicule une idée d’ailleurs, d’échanges entre l’Orient et l’Europe, de découvertes avec ses paysages majestueux et ses caravansérails. Je partage avec vous quelques pistes pour vous aider à décoder cette destination qui nous a envoûtés.

On le sait, il y avait jadis plusieurs routes de la soie, terrestres et maritimes, qui partaient de la Chine en direction de l’Europe Occidentale. Caravanes commerciales, missions diplomatiques, marchands, représentants de cercles religieux, derviches, guerriers, des millions de personnes ont parcouru ce réseau complexe à travers les âges sans paraître effrayées par les routes difficiles et les déserts infinis. Marco Polo en fut sans doute un des plus fameux pour avoir été le premier Européen à traverser toute l’Asie Centrale à la fin du 13ème siècle.

Le centre de la vieille ville de Boukhara, toujours habitée, invite à s’y perdre, entre les madrasas aux façades somptueuses et les bazars abrités sous les anciennes coupoles marchandes.

En 1994, l’Organisation Mondiale du Tourisme en collaboration avec l’Unesco a organisé à Tashkent, capitale de l’Ouzbékistan, un séminaire international sur « La Grande Route de la Soie » et l’Ouzbékistan a été désigné comme le centre du projet visant à faire revivre la Grande Route de la Soie en tant que canal majeur de coopération entre les Etats par lesquels passait cette célèbre route terrestre.

Or les cinq républiques dessinées arbitrairement par Staline dès 1917 sont devenues indépendantes du pouvoir soviétique en 1991 : le Kazakhstan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Kirghizistan et le Tadjikistan. L’occasion d’apprendre que le suffixe « stan » signifie « pays, nation » en langue perse et nombreux sont les pays d’Asie dans lesquels apparaît ce suffixe. Cette mise à l’honneur, grâce entre autres à l’Unesco, des pays situés sur une partie du tracé de la route de la Soie va favoriser la création de circuits touristiques qui font renaître, symboliquement du moins, l’antique piste marchande.

Les magnifiques faïences bleues, turquoise et blanches de la façade arrière du mausolée de Yasawi à Turkestan

Au Kazakhstan, le mausolée de Khoja Ahmed Yasawi a été inscrit en 2003 sur la liste du Patrimoine Mondial de l’Humanité. En 2010, les ruines du site de Sarazm au Tadjikistan ont été reconnues à leur tour car elles témoignent d’une ancienne route commerciale entre des steppes d’Asie Centrale vers le plateau iranien et la vallée de l’Indus. Le Kirghizistan a aussi gagné ce label en 2009 pour les pétroglyphes des grottes de la montagne sacrée Sulaiman-Too qui domine la vallée Fergana au carrefour des routes de la soie.

En 2014, 33 sites ont été reconnus le long du réseau Chang’an Tian Shan qui traverse tout le Kirghizistan rappelant que son utilisation entre le 3ème siècle de notre ère jusqu’au 16ème a permis un important flux de savoirs, de cultures, de religions, de civilisations et de denrées. L’Unesco a inscrit 3 sites au Turkménistan, en 1999, 2005 et 2007 mais comme actuellement le pays n’ouvre pas ses frontières aux étrangers, impossible de pouvoir les visiter. Les sites labellisés en Ouzbékistan sont mieux connus : la ville intérieure de Khiva en 1990, le centre historique de Boukhara en 1993, celui de Chakhrisabz, terre natale de Tamerlan, en 2000 et Samarcande, carrefour de cultures en 2001.

Vestiges du gigantesque portail du palais d’été Ak-Saraï de Timur alias Tamerlan à Chakhrisabz, couvert de splendides mosaïques semblables à des filigranes

Autant de bonnes raisons pour emprunter l’Orient Silk Road Express (Croisière ferroviaire en Asie Centrale, à bord de l’Orient Silk Road Express – Pagtour) ce train privatisé qui permet de parcourir durant une quinzaine de jours trois voire quatre pays au cours d’une croisière ferroviaire confortable à la découverte de la diversité ethnique et géographique d’un Orient immuable où l’Histoire s’inscrit depuis des millénaires, n’ayant de cesse d’entretenir notre imaginaire.

Les chemins de fer d’Asie Centrale sont en réalité les héritiers des chemins de fer de l’Empire russe et de l’URSS qui traversaient le territoire des républiques socialistes soviétiques turkmène, ouzbek, kazakh, kirghize et tadjike, l’objectif étant d’assurer la liaison entre le Turkestan et les régions du Caucase. Pour un étranger, prendre un train régulier en Asie Centrale est déjà toute une aventure en soi, car chaque pays a son propre système de billetterie, sa propre langue et sa propre organisation des gares. Par exemple il n’est pas possible d’entrer dans une gare ouzbekh sans avoir un billet de train à présenter devant un officier. Il faut donc passer par une agence qui vous délivrera un billet qui évidemment ne vous donnera pas accès dans l’heure à un train quel qu’il soit.

L’imposante mosquée Bibi-Khanoum, l’épouse chinoise de Timur, la plus grande mosquée du monde musulman en son temps

Dès lors voyager avec l’Orient Silk Road Express apparaît comme la meilleure option pour découvrir lors d’un même voyage différents pays d’Asie Centrale au fil de visites quotidiennes organisées et guidées avec en sus le passage des frontières pris en charge par les chefs de wagon. Il suffit d’attendre dans son compartiment que les formalités se terminent avant que le train ne reparte vers la destination suivante. (à suivre)

Au rythme du train qui s’enfonce dans la steppe au fil de l’ancienne Route de la Soie en traversant un paysage immuable depuis des siècles

Information : Nous avons voyagé avec Voyages d’Exception, le spécialiste des voyages et croisières francophones, www.voyages-exception.fr qui propose cette croisière ferroviaire l’an prochain toujours avec Chantal Forest en conférencière. Vous pouvez également découvrir les informations sur tous les voyages en trains proposés par Lernidee www.lernidee.de.

1 COMMENTAIRE

  1. MAGNIFIQUE REPORTAGE SUR UNE REGION RICHE EN HISTOIRE ET TRAIT D’UNION ENTRE L’EUROPE ET L’ASIE. HATE DE LIRE LA SUITE. BRAVO CHRISTIANE POUR TON ECRITURE FLUIDE ET DESCRIPTIVE ET CHARLES POUR LA QUALITE DES PHOTOS.

    MARC SPRENGERS

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