Avec la jeune génération, quel avenir pour les agences de voyages

Comme beaucoup le savent, je suis également prof dans une haute école de tourisme. Les étudiants viennent de passer leur Grand Oral et certains ont déjà présenté leur mémoire de fin d’études. Ils ont fini leurs six mois de stage en entreprises, et plusieurs ont choisi de les faire en agence de voyages.

D’un autre côté, on entend et on peut lire des commentaires d’agents de voyages chevronnés, dont certains sont très critiques vis-à-vis des actuels enseignants du tourisme : « Je me demande bien ce qu’ils apprennent, ils ne connaissent rien en arrivant chez nous », ai-je pu lire récemment. C’est en partie vrai et en partie faux. Il faut tout d’abord se rendre compte de ce qui nous arrive en école supérieure : des jeunes qui pour la plupart ne savent pas écrire correctement, ni s’exprimer, d’ailleurs, et dont la formation en géographie comprend de la géologie et de la météorologie en plus des interrogations sans réponse valable sur le réchauffement de la planète. Mais les continents et les océans, les pays et leurs grandes villes, les archipels touristiques, les chaînes de montagne, vous pouvez oublier. Il faut, pour nous les profs, reprendre tout depuis le début.

Alors quand ils sortent, trois ans plus tard, qu’ils savent parler (mais toujours pas écrire sans fautes) et qu’ils ont quelques idées sur les pays qui composent le monde, nous sommes déjà fiers de les avoir amenés à ce niveau. Le reste dépend de leur motivation personnelle.

Durant trois ans, on leur explique la valeur ajoutée de l’agent de voyages, l’intérêt qu’il y a pour le client à passer par une agence (une bonne en tout cas) : rien n’y fait, ils sont de la génération IKEA, ils veulent expérimenter le do-it-yourself, leur seul outil est internet et ils s’en servent sans réflexion.

Mais ce qui console un peu, c’est d’entendre des étudiants nous dire, après leur stage, que vendre des forfaits en étant toute la journée derrière un bureau et face à un ordinateur à attendre le client, cela ne les motive pas du tout. Ce qui les intéresse au plus haut point, c’est d’être des créateurs ! Créer un voyage, un itinéraire, pour des clients en tenant compte de leurs centres d’intérêt, voilà qui les passionne. Et c’est là que se situe le grand espoir pour l’avenir des agences : ils veulent créer ! Les agences qui se contenteront de revendre des produits créés par d’autres disparaîtront, on n’arrête pas de le répéter. Seules celles qui auront trouvé leur niche, avec la faculté d’être excellentes dans ce qu’elles auront créé, seules celles-là subsisteront.

Et un jour sans doute, quand tout le monde aura multiplié les mauvaises expériences sur internet, leur rôle sera à nouveau reconnu. Peut-être plus sous la forme actuelle d’une agence traditionnelle, mais dans une forme que ces jeunes auront encore à inventer, avec une technologie qui va encore tout bouleverser et qu’ils auront à maîtriser. Il y a de l’espoir.

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