Le petit déjeuner des éléphants est servi sur un immense buffet circulaire annoncé par de jolies thaïlandaises en tenues festives pour honorer leurs invités à 4 pattes.

Au début du 20ème siècle, on dénombrait quelque 100.000 éléphants domestiques en Thaïlande. Aujourd’hui, il n’en reste que 3000 et à peine 2000 à l’état sauvage. La mécanisation du travail agricole et la déforestation ont largement contribué à la disparition du pachyderme. Toutefois, depuis quelques années, toute une législation a vu le jour en faveur de la protection de la nature. A ce titre, le développement d’un tourisme responsable joue un rôle important comme facteur de préservation de cet animal plébiscité par tous, les Thaïlandais comme les vacanciers.

Apprivoiser un éléphant obéit à une série de règles complexes soumises à une tradition séculaire. Dès sa plus tendre enfance, le futur mahout exerce tous ses sens à deviner les dispositions de l’animal. Il doit apprendre à reconnaître le réseau de points sensibles qui déclenchent les réponses du pachyderme. Une simple pression exercée sur un point précis de son corps suffit à faire bouger cette masse qui vire ainsi à gauche ou à droite, qui recule, se couche ou déplace un tronc d’arbre. Son plus grand plaisir, c’est le bain. Il se vautre avec délice dans l’eau tiède de la rivière, jouant à s’asperger après s’être roulé dans la boue pour se débarrasser de la vermine environnante.

Il n’est pas de journée sans un passage obligé dans la rivière pour le bain des éléphants.

La formation des éléphanteaux commence dès l’âge de 4 ou 5 ans et dure à peu près 4 ans. Ils apprennent à reconnaître la voix de leur maître qui leur enseigne le travail forestier. On les entraîne aussi à se familiariser avec les bruits de l’industrie moderne en acceptant de monter dans des camions pour les déplacements jusqu’à leurs lieux de travail. Dans le cadre d’une préparation aux spectacles pour touristes, ils apprennent à saluer, à jouer au ballon, à s’asseoir sur leur séant, à former une ronde en accrochant la queue de leur congénère avec leur trompe, etc…

Restent-ils des éléphants sauvages ?
Les éléphants sauvages seraient encore près de 2000 à vivre en bandes dans la jungle, enfermés dans des réserves nationales. Il faut de longues heures de patience pour les apercevoir quand au crépuscule, ils abandonnent la solitude de la forêt pour aller se baigner dans les points d’eau ou encore pour partir en quête de nourriture. Pour tenter de sauvegarder la race, le Thai Elephant Conservation Center a vu le jour, à une trentaine de kilomètres de Lampang, au Sud de Chiang Mai. On y recueille les éléphants chassés par les indigènes qui ne tolèrent plus la présence de ces mastodontes qui dévastent leurs cultures ou encore les « retraités » abandonnés ainsi que les pachydermes blessés ou malades.

Au terme de sa journée, l’éléphante rejoint l’épaisseur de la jungle avec son petit, elle reviendra le lendemain matin.

Aujourd’hui, le site héberge quelques dizaines de pensionnaires qui pourront un jour fournir des animaux domestiques sous la conduite d’un cornac qu’il suivra sa vie durant, la longévité de l’homme étant identique à celle de l’animal domestiqué. Le centre s’est également spécialisé dans le recyclage des excréments de leurs pensionnaires en produisant du papier d’emballage 100% naturel, une opération intéressante pour les propriétaires qui doivent se débarrasser de ces impressionnants déchets. Le centre lutte aussi contre l’exploitation des éléphants utilisés comme attraction touristique dans certaines stations balnéaires où ils ne reçoivent pas la nourriture nécessaire à leur survie.

Le festival des éléphants à Surin

Rencontre insolite dans la ville de Surin où l’éléphant harnaché pour aller travailler évolue comme si c’était son environnement naturel.

Situé à près de 400 km à l’Est de Bangkok, non loin de la frontière cambodgienne, Surin est connu pour être un important centre artisanal de la soie et une étape agréable pour les amoureux des superbes vestiges de l’architecture khmère. Cependant, chaque troisième week-end de novembre, la petite cité sort de sa torpeur routinière à l’occasion du Surin Elephant Roundup, une étonnante manifestation qui rassemble jusqu’au cœur de la ville quelque 300 éléphants qui transforment la bourgade provinciale en un vaste zoo surréaliste.

Les enfants restent impressionnés par la taille du pachyderme mais ils sont fiers de lui avoir offert un fruit.

Les festivités commencent dès le samedi matin avec l’arrivée des pachydermes, en marche depuis plusieurs jours. La place de la gare, lieu du rendez-vous, est envahie par une foule joyeuse qui ne craint pas de s’approcher des éléphants dont certains sont accompagnés de leur petit, quelque peu effrayé par cette affluence bourdonnante. Pour épater la galerie, de jeunes éléphants exécutent des jeux avec des anneaux pour le plus grand plaisir du public. Des vendeurs de petits tronçons de canne à sucre invitent les curieux à offrir cette friandise aux animaux. Certains d’entre eux, plus hardis, n’hésitent pas à proposer eux-mêmes, au bout de leur trompe insistante, un sachet gourmand en échange d’un billet de 20 baths que l’éléphant remet prestement à son cornac juché sur sa nuque. Avec délicatesse, le pachyderme saisit alors dans les mains du généreux donateur un morceau de canne à sucre qu’il engloutit rapidement avant de se resservir. Emerveillement de cette rencontre insolite avec une bête colossale qui n’hésite pas à s’agenouiller pour remercier et recevoir une caresse.

La parade des éléphants

Ce stand qui parade dans la ville de Surin présente les éléphants sous toutes ses formes et leurs gourmandises

La grande parade débute alors vers le centre de la ville. Des chars, chargés de somptueuses pièces montées dessinant des éléphants décorés de fruits et de légumes sculptés, des groupes de jeunes filles élégantes dans leurs costumes traditionnels, des porteurs de bannières représentant diverses associations, des tambourinaires et bien sûr des éléphants en tenue d’apparat pour transporter dans des nacelles rutilantes les autorités locales, tous s’ébranlent pour rejoindre le centre. Ils traversent des quartiers envahis par une foule de personnes distribuant des bananes aux éléphants et mettant à leur disposition de grands bacs d’eau pour qu’ils puissent s’abreuver sur leur passage.

C’est avec délicatesse que les éléphants choisissent leurs fruits sur le buffet du petit déjeuner royal qui leur est offert durant le festival..

Au cœur de la place, des tréteaux ont été installés, ils sont surchargés de fruits et de légumes artistiquement présentés. A leur arrivée, les pachydermes s’alignent par groupes successifs devant ce somptueux buffet qui leur est offert en guise de petit déjeuner. Délicatement, ils se servent de melons, papayes, bananes, ananas et autres tubercules avant de s’éloigner et de s’égayer dans la ville. C’est le moment des promenades à dos d’éléphant, une expérience inédite et palpitante, d’autant plus que les pachydermes respectent les feux de signalisation aux côtés des taxis et des cyclopousses qui paraissent bien fragiles près de leurs concurrents d’un jour.

Le clou des festivités a lieu l’après-midi, dans le stade de Surin. Durant plus de deux heures, les éléphants vont offrir un spectacle haut en couleurs où, dans une première partie, ils vont se prêter à une démonstration de leurs divers talents d’adresse, n’hésitant pas à associer les spectateurs, comme par exemple dans une lutte autour d’une corde tirée à hue et à dia par un éléphant d’un côté et une centaine de personnes de l’autre qui rapidement vont toutes rouler dans la poussière.

Pour les besoins du spectacle les mahouts doivent obtenir de leurs montures qu’elles se posent en attendant de participer au spectacle.

Un match de foot éléphantesque va opposer deux équipes qui courent après un énorme ballon rond sous les applaudissements de la foule massée dans le stade. Une seconde partie, plus culturelle mais aussi plus brillante, offre une splendide reconstitution d’un pan de l’histoire du pays avec la victoire de Rama Ier juché sur son éléphant blanc face à l’armée birmane.

Un spectacle éblouissant qui emporte un franc succès populaire, renouvelant ainsi l’allégeance inconditionnelle du peuple thaïlandais à cet animal mythique, encourageant la reconversion vers le tourisme du métier ancestral des cornacs.

Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux

Une impressionnante reconstitution historique raconte la victoire de Rama Ier sur son éléphant blanc suivi de sa troupe à dos d’éléphants.

La première partie de notre reportage En Thaïlande, le tourisme au secours des éléphants (1/2)

PRATIQUE

Infos : www.tourismthailand.org . Le site du Centre de Conservation des Eléphants www.thaielephanttraining.com

Argent : L’unité monétaire est le bath et le change s’effectue partout sans souci. Toutes les grandes villes proposent aussi des distributeurs automatiques. Les cartes de crédit sont relativement bien acceptées dans les hôtels et les restaurants mais la plupart des achats se paient en argent liquide.

Se loger : La Thaïlande propose de tout en terme de logement et à tous les prix. A Surin, le Surin Majestic Hotel (www.surinmajestichotel.com) l’établissement le plus récent installé au cœur de la ville. Pour le festival des éléphants, veillez à réserver au moins deux semaines à l’avance pour trouver de la place.

Activités : La visite de l’Isan avec ses ruines khmères et son village d’éléphants nécessitent une voiture pour faciliter les déplacements. L’idéal est alors de s’adresser à une agence de voyage. www.toursquare.net qui offre un encadrement de qualité avec des guides francophones.

Se restaurer : On peut se restaurer à toute heure de la journée et, si on n’est pas effrayé par les piments, on peut s’adresser aux stands ambulants sur les trottoirs et les marchés. Ce sont les épices et les herbes qui donnent sa saveur à la cuisine thaïe. Le riz et les nouilles frits sont à combiner avec du poulet, du bœuf ou du porc. Goûtez la salade fraîche et légèrement piquante de papaye verte A accompagner d’une bière Thaï bien fraîche ou alors d’un jus de fruits frais.

 

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