Immobilier, fiscalité et le bruit du bonheur perdu

On a beaucoup chambré Paul Magnette cette semaine avec cette histoire d’e-commerce qu’il voudrait bannir de notre magnifique Belgique. Mais comme dirait Talleyrand, tout ce qui est exagéré est insignifiant.

En revanche, il n’y a pas eu les mêmes remous médiatiques pour une menace beaucoup plus dangereuse, beaucoup plus réelle et beaucoup plus proche que l’interdiction ridicule de l’e-commerce. Cette menace plane sur la fiscalité de l’immobilier. Si tous ceux et celles qui veulent aggraver la fiscalité de l’immobilier arrivent à leur fin, la brique que chaque Belge a dans le ventre risque d’être indigeste d’ici peu.

Je rappelle que le Belge adore l’immobilier. Nous avons 72% de propriétaires dans le pays et nous avons aussi 900.000 multipropriétaires. Ca ne veut pas dire que ces 900.000 multipropriétaires roulent sur l’or et ont chacun des dizaines d’appartements en leur possession.

Non, ça veut juste dire que ces personnes n’ont pas envie de laisser leur épargne sur des comptes d’épargne qui rapportent 0.11% alors que l’inflation en janvier était de 8%. Ce qui signifie qu’aujourd’hui l’épargnant belge perd en moyenne 7% par an sur son compte d’épargne selon les calculs de l’économiste belge Eric Dor. A inflation inchangée, le même citoyen perdra la moitié de son capital d’ici quelques années.

Les 900.000 multipropriétaires font aussi partie de ces citoyens qui se méfient en général de la Bourse. Le côté montagne russe à laquelle nous avons pu assister ici en janvier, très peu pour eux.

Le Belge, on le sait, préfère la brique et sa stabilité légendaire, seulement voilà, cette brique est dans le collimateur de plusieurs politiques qui veulent lui la rendre indigeste. A Bruxelles, c’est la secrétaire d’Etat au logement qui voudrait plafonner l’indexation des loyers à 2%, soit nettement en-dessous de l’indexation réelle. De l’autre côté, vous avez une réforme fiscale qui doit voir le jour en juin prochain. Il y a déjà des fuites qui montrent que des sujets autrefois tabous ne le sont plus, comme par exemple, la taxation des loyers réels ou la taxation des plus-values immobilières

Si vous ajoutez à cette attaque en règle, la volonté de ne plus permettre la déduction des intérêts de crédit pour un second bien, vous avez compris que les multipropriétaires pourraient servir de variable d’ajustement pour équilibrer le budget ou renflouer d’autres déficits. Les nouvelles normes énergétiques se traduiront également par des coûts supplémentaires, et que ces rénovations seront inévitables sans quoi ces biens ne seront légalement plus louables. Avouez que pour être propriétaire ou multipropriétaire aujourd’hui, il faudra avoir la foi du charbonnier. Et comme les amoureux transis, les propriétaires risquent de se dire bientôt, « j’ai reconnu le bonheur au bruit qu’il a fait en partant ».

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