Kérosène de synthèse : multiplication des projets en Europe

L’Union européenne a imposé l’an passé des obligations graduelles d’incorporation de SAF (sustainable aviation fuel) de synthèse dans le carburant d’aviation. Les avions, au départ d’un pays de l’Union européenne, devront incorporer 6% de carburant vert en 2030 dont 1,2% de kérosène de synthèse, jusqu’à 70% de SAF en 2050 dont 35% de carburant de synthèse.

Dès à présent, 25 projets industriels recensés doivent permettre de produire 1,7 million de tonnes de kérosène de synthèse en 2030, soit davantage que la quantité requise à cet horizon par l’UE, équivalente à 600.000 tonnes. Avec une production prévue de 420.000 tonnes en 2030, la Norvège est à la pointe des projets d’e-fuels, devant la France (305.000 tonnes), l’Allemagne (304.000) et la Suède (295.000). Mais aucun projet n’a encore fait l’objet d’une décision finale d’investissement… Et cette production prévue reste encore très éloignée des besoins identifiés pour 2050, 35% de SAF de synthèse correspondant à 18,8 millions de tonnes, a rappelé l’ONG Transport & Environnement (T&E) dans une toute récente étude.

Les carburants de synthèse, aussi appelés électrocarburants ou e-fuels, sont produits en combinant de l’hydrogène, produit à partir de sources décarbonées comme les énergies renouvelables ou nucléaires, et du dioxyde de carbone (CO2), capté dans l’air, dans les fumées industrielles, ou issu de la combustion de biomasse.

Le SAF, qu’il soit produit à partir de matières premières (telles que les huiles animales et végétales usées et résiduelles) ou par synthèse de l’hydrogène et du CO2, est nettement plus cher que le carburant d’aviation fossile. L’intérêt des compagnies aériennes pour utiliser ce carburant est pourtant bien réel. Idem pour les aéroports. Ainsi, Brussels Airport Company, grâce au soutien du gouvernement fédéral, va fournir une aide financière unique pour encourager son utilisation.

L’incitant SAF sera mis à la disposition de toutes les compagnies aériennes, pour tous les vols au départ de Brussels Airport au cours de cette année ; il prendra en charge jusqu’à 80% du surcoût lié à l’utilisation du SAF en 2024, avec un maximum de 200.000 euros par compagnie aériennes. « En tant qu’aéroport, dans le cadre de notre programme européen Stargate, nous avons exprimé l’ambition de viser 5% de SAF sur l’utilisation totale de carburants par les compagnies aériennes à Brussels Airport d’ici 2026 », notait récemment Arnaud Feist, CEO de Brussels Airport Company. Tout l’enjeu est aujourd’hui de produire ce SAF en quantité. Avec des matières premières limitées et convoitées, le carburant de synthèse a une belle carte à jouer.

VDM

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