Lascaux, la chapelle Sixtine de la Préhistoire,

Incroyable mais vrai, la célèbre grotte préhistorique de Lascaux se laisse visiter au Préhistomuseum de Ramioul, comme si vous y étiez ! Ce fabuleux voyage dans un site listé au Patrimoine mondial de l’Humanité est rendu possible grâce à la technique de la réalité virtuelle.

Pour vivre cette étonnante expérience immersive, il suffit de se positionner debout dans une vaste salle (800m2), ce qui permet de respecter les distances de sécurité entre les participants qui disposent ainsi d’un espace de 9m2, et de se laisser poser sur la tête un casque VR (Virtual Reality).

En quelques secondes, on se retrouve seul, plongé dans la grotte. Une petite lumière surgit, un peu comme la torche qui nous mènera d’une salle à l’autre, soulignant les fabuleux décors qui surgissent sur les parois escarpées de la grotte. Régulièrement une maquette de l’ensemble du site apparaît pour vous montrer où vous vous trouvez dans ce parcours qui vous permet de plonger sans effort aucun dans des espaces étroits, inaccessibles auparavant au public, à l’époque où Lascaux se laissait encore visiter.

Petit retour en arrière.

Tout a commencé lorsque 4 adolescents perdent leur petit chien dans ce qu’ils pensent être un terrier de renard. On est en Dordogne, non loin de Montignac, à mi pente d’une colline. Sans doute l’entrée d’un souterrain ? Ce sont eux encore qui se lancent dans l’exploration du site et découvrent les premières peintures. Ils partagent leur découverte avec leur instituteur qui descend à son tour dans la grotte et prévient alors l’abbé Henri Breuil qui s’accompagne de préhistoriens pour authentifier les figures de ce sanctuaire qui remonteraient à 18000 ans. Les premiers travaux d’enregistrement photographique ont lieu, de nombreux objets sont collectés et des travaux d’aménagement de la grotte pour son exploitation touristique s’achèvent en 1948.

Les fouilles et les investigations se sont poursuivies tout en permettant au public de visiter la grotte dont malheureusement les peintures s’altèrent rapidement. En effet le seul gaz carbonique expiré par les très nombreux visiteurs qui défilent devant les superbes peintures détériorent ces chefs d’œuvre rares. Par ailleurs les variations de températures ont fait naître des végétaux microscopiques qui s’attaquent aux parois, la fameuse lèpre verte. En 1963, André Malraux, alors ministre de la Culture et des Beaux-Arts, décide la fermeture définitive du site à l’exception des scientifiques et préhistoriens.

Pour ne pas priver tout un chacun de ce trésor pariétal surgit le projet de reproduire la grotte à l’identique. C’est la naissance de Lascaux II qui offre la copie fidèle de la Salle des Taureaux et du Diverticule axial, un long couloir de 18m, qui regroupent l’essentiel des peintures. Dès son ouverture en 1983, son succès est immense.

En 2013 Lascaux III devient la version nomade de la grotte, une expérience alimentée avec des projections 3D qui circule dans le monde. Elle s’est arrêtée en Italie en 2019 suite à la pandémie. En parallèle le site accueille depuis 2016 Lascaux IV, bien plus qu’une reproduction des grottes, c’est le Centre international de l’art pariétal où le visiteur peut détailler les peintures et gravures grâce à une tablette numérique.

La version 2.0 : Lascaux Expérience.

Cette dernière formule est expérimentée en première mondiale au Préhistomuseum de Ramioul, à Flémalle. Cette fois grâce à la réalité virtuelle, on est seul dans la grotte qui se découvre lentement durant quelque 60 minutes. A tel point qu’on se sent l’âme d’un explorateur, d’autant que le système permet de tourner sur soi-même pour suivre des yeux les décors qui s’étirent devant mais aussi derrière nous.

Cerise sur le gâteau on est parfois invité à toucher les parois et même à dessiner sur celles-ci en puisant un peu de pigment qui s’offre soudain à vous dans un petit bol. La main est bien entendu virtuelle mais c’est bien votre main qui la met en mouvement et l’illusion est complète. On lève la tête pour mieux voir surgir les taureaux qui semblent en mouvement comme l’ont voulu leurs créateurs. Lorsqu’en fin de parcours on descend jusqu’au Diverticule des Félins, le couloir est si bas que la petite voix vous propose de vous asseoir pour contempler à votre aise les nombreuses représentations de félins qui courent sur les parois. Si comme moi, vous êtes complètement immergé dans votre voyage vous chercherez sans doute à vous appuyer sur la roche pour vous abaisser plus aisément. Attention, votre main va traverser la roche qui n’est que virtuelle et vous vous retrouverez assis sans avoir eu le temps d’y penser !

 

Il suffit d’ailleurs de prendre le temps de regarder les visiteurs qui tournent sur eux-mêmes ou dressent les mains en avant ou encore semblent comme moi tomber assis pour comprendre que tous dont le visage disparaît derrière le casque semblent animés par une sorte de transe lente car tous les gestes semblent se décomposer.

Pour être complète cette formule de voyage est moins appréciée par ceux qui se disent claustrophobes et par ceux dont le tempérament très pragmatique les empêche de se laisser emporter par l’aventure. Les jeunes, même ceux qui se croient allergiques aux musées, sont les premiers à plonger dans ce style de visite qui fait la part belle aux nouvelles technologies. Toutefois les plus jeunes, en-dessous de 10 ans, peuvent se sentir effrayés par cette plongée solitaire dans une grotte, tant celle-ci leur semble réelle et d’autre part le casque devient lourd pour d’aussi petites têtes.

Presque un parc d’attractions préhistoriques.

La plongée dans le passé se prolonge au-delà de Lascaux2.0 avec d’abord une visite dans le Musée permanent où chacun trouve au fil de son parcours des réponses à des questions personnelles plus ou moins existentielles selon les individus. Toute l’histoire de la découverte est également narrée au fil de panneaux informatifs. Dans la salle qui jouxte le Centre de Conservation, d’Etude et de Documentation, de nombreux dispositifs interactifs et des manipulations permettent quant à eux de mieux comprendre ces premières traces artistiques occidentales.

S’initier aux gestes des hommes qui ont vécu dans les grottes de Lascaux est une autre expérience à vivre grâce aux ateliers pratiques assurés par des archéologues-animateurs : comment allumer un feu, comment graver un dessin sur un galet et le peindre ensuite ou encore comment créer une lampe à graisse avec de l’argile qui permettait certainement de s’éclairer jadis dans les profondeurs de la terre.

 

Rien de tel aussi pour compléter l’expérience virtuelle que la visite de la grotte préhistorique de Ramioul découverte en 1908, de quoi confirmer que cette région en Haute-Meuse liégeoise était habitée par l’homme depuis 75000 ans au moins. C’est une grotte à taille humaine dont les cavités à peine éclairées par la lumière d’une flamme semblent receler des secrets qui drainent le parcours d’une magie envoûtante.

Enfin, deux circuits de chasse proposent des cibles grandeur nature qui évoquent des animaux des périodes glaciaire et tempérée.

 

Equipés d’un arc préhistorique ou d’un propulseur qui, pour les plus adroits, offre une vitesse de tir de 90 km/h, les chasseurs d’un jour sont invités en suivant leur parcours dans les bois à réfléchir aux conditions de survie des hommes préhistoriques confrontés entre autres à des aurochs, des rhinocéros laineux, des mammouths, tous disparus aujourd’hui.

Infos : www.lascaux.prehisto.museum jusqu’au 31 mai 2022.

Texte : Christiane Goor    Photos : Charles Mahaux

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