Le robot n’est pas (encore) l’avenir de l’Homme

Lancé en grande pompe en juillet 2015, l’hôtel Henn-na (étrange en japonais – ndlr) se voulait être le premier au monde (presque) entièrement administré par des robots. Trois ans plus tard, il licencie la moitié des 243 qu’il emploie. Pourquoi ? Parce qu’ils plombent la productivité !

Situé au cœur du gigantesque parc d’attractions Huis Ten Bosch à Sasebo (près de Nagasaki, au sud du Japon – ndlr), l’établissement hôtelier pensait diminuer drastiquement sa main-d’œuvre humaine… Grosse erreur !

Pourtant, au départ, l’idée répondait à un double besoin actuel : « Le Japon manque de chambres d’hôtel et de main-d’œuvre, avait déclaré Miura Tatsuki, directrice de la division des relations publiques de l’agence de voyages HIS à la tête du réseau. « Nous avons créé cet hôtel en partie pour répondre aux problèmes de société.»

Et voila leur réponse aux problèmes de société !

A Sasebo, un vélociraptor à nœud papillon (quand même) et une humanoïde battant des cils (photo ci-contre) gèrent les enregistrements, les check out…

Deux « concierges » Nao, petits androïdes du français Aldebaran guident les clients, les orientent ou les informent des horaires du petit-déjeuner. Logé dans une élégante cage en verre aux murs tapissés de tiroirs blancs, un bras robotique se charge de la consigne.

Et ce n’est pas tout. Deux chariots à roulettes connectés et autonomes portent les bagages jusqu’au seuil de la chambre. Cerise sur le gâteau, dans chaque chambre, une tête de clown lobotomisée (et surtout flippante je trouve) trône sur la table de chevet et fait office de réveil ou d’interrupteur… Et elle parle aussi. Bref, une enceinte connectée dont on reparlera plus tard…

Comme pour Alexa (l’enceinte Google), il faudra d’abord l’interpeller par son prénom. « Churi-chan ! » « Nan deshoka ? » (Que puis-je faire ?) répond le réveil matin… Il ne parle que japonais…

Et il exécutera ainsi toute une série de commandes simples telles que « Éteins la lumière », « Quelle sera la météo demain ? » ou encore « Quelle heure est-il ? »…

Ni pause, ni salaire

Peu de temps après l’inauguration, les responsables se montraient très satisfaits. « Nous employons plus de 80 robots contre une dizaine d’humains seulement», se félicitait alors Kotaro Takada, directeur de l’hôtel. Au bout de trois ans d’exercice, les embauches ont fait fondre les troupes de chair et d’os. Pour le directeur, les machines allaient distraire et attirer les clients, mais surtout, elles ne réclameraient « ni pause, ni salaire » (sic). En janvier 2018,  il y avait plus 243 robots contre 8 humains. 

« Ils ne savent toujours pas faire les lits ! »

Mais, si les robots sont corvéables à merci et à titre gracieux, ils sont aussi… très capricieux. A l’inauguration, les bugs étaient déjà nombreux reconnaît humblement Kotaro Takada… qui ne parvenait pas à les maîtriser.

Et depuis trois ans, les plaintes s’accumulent… des concierges statiques incapables de répondre à la moindre question, des robots porteurs qui n’atteignent qu’une dizaine de chambres sur les 200 de l’établissement, les dénivelés ayant trop vite raison de leurs roulettes, les erreurs d’attribution de chambres, les notes salées, on en passe et des meilleures…

Mais le pire pour la direction de l’hôtel, c’est que «Les robots et l’eau ne font pas bon ménage … et ils ne savent toujours pas faire les lits ! » déplore aujourd’hui le patron du complexe.

Merde alors, il va falloir réembaucher des humains… et pour des tâches bien subalternes que celles des robots…

« LE » robot qui attise toutes les plaintes…

Les commentaires en ligne sont unanimes, la principale cible des reproches, c’est Churi-chan, l’enceinte connecté dans la chambre. « Désolé, je n’ai pas compris. Pourriez-vous répéter votre demande ? » lance-t-elle d’une voix nasillarde à toute heure du jour et de la nuit.

La majorité des clients mécontent se plaignent des nuits perturbées quand Chuuri-chan se met à parler de manière intempestive. L’un d’entre eux à peut-être trouvé l’explication. Après plusieurs réveils, il a compris que ce qui déclenchait ses répliques étaient en réalité… ses ronflements intenses !

« Churi-chan » fait partie de la charrette des 122 robots virés… sans plan social ni indemnités de licenciements bien sûr…. C’est beau l’avenir !

 

 

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