SAF : l’effort devra être considérable d’ici à 2050

Suite à l’article récent sur l’utilisation des SAF (Sustainable Aviation Fuel) par Brussels Airlines, il nous paraît opportun de donner un peu plus d’explications sur ce carburant respectueux de l’environnement. Rappelons tout d’abord que le SAF est pour le moment la seule alternative déjà mise en pratique dans le monde de l’aérien, alors que l’utilisation de l’énergie électrique ou celle de l’hydrogène n’en sont qu’à leurs balbutiements. Rappelons aussi l’engagement des pays développés d’atteindre l’émission “net-zéro-carbone” en aviation pour 2050 : le délai est moindre que la vie d’un avion !

Il semble que la seule alternative crédible pour le moment, c’est de construire rapidement de nombreuses unités de production de SAF à travers le monde, en utilisant les graisses, les huiles usagées, la biomasse, les déchets organiques collectés dans les villes et communes et d’autres sources encore. Il faut en même temps que les raffineries classiques continuent à produire des dérivés raffinés du pétrole, parce que c’est leur mélange avec le SAF qui permet aux avions actuels de voler selon ce que les spécialistes nomment le “coprocessing”.

En 2019, l’aviation aux USA a consommé 87 milliards de litres de “jet fuel”. En 2021, on a produit aux USA seulement 20 millions de litres de SAF. En septembre 20222, l’agence Fédérale de l’Energie a fixé une “feuille de route stratégique” pour la production de 12 milliards de litres de SAF d’ici à 2030, avec la perspective de porter ce chiffre à 133 milliards de litres pour 2050, de quoi suffire à remplir la demande de l’aviation civile américaine. Cette même agence estime que la biomasse peut actuellement couvrir entre 200 et 250 milliards de litres de biofuels “sans impacter l’agriculture”.

Inutile de dire que nous n’avons pas de chiffres équivalents pour l’Europe. Le principal producteur européen, le finlandais Neste, produit actuellement 130 millions de litres. Et avec quelques aménagements de ses centres de production de Singapour et de Rotterdam, le chiffre pourrait atteindre cette année les 2 milliards de litres de SAF.

Passer de quelques millions de litres à 12 milliards de litres par an d’ici à 2030 demandera une croissance de 122% l’an jusqu’en 2030 ; il est donc absolument critique de démarrer maintenant. Pour 2050, on estime que 400 bioraffineries seront nécessaires pour produire les 130 milliards de litres indispensables. Il faudra encore diversifier les sources : plantes herbacées, déchets forestiers, résidus de l’agriculture, plantes invasives, algues, déchets organiques issus des collectes, déchets d’origine animale, capture de gaz dans l’atmosphère, etc.

On voit que l’effort demandé sera considérable, et nous ajouterons la phrase indispensable à toute analyse dans le domaine scientifique : “Toutes choses égales par ailleurs”. C’est là que l’on tombe dans l’inconnu… C’est là aussi qu’il faudra tenir à l’œil les producteurs qui seraient tentés de prendre aux forêts et à l’agriculture des ressources indispensables… par ailleurs.

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