Les vols à vide créent la polémique à travers l’Europe

Afin de garder ses droits de décollage et d’atterrissage, Lufthansa va devoir effectuer quelque 18.000 vols quasiment vides cet hiver. La compagnie l’a annoncé parallèlement à la suppression de nombreux vols commerciaux en raison de la pandémie de Covid-19. «En raison de la baisse de la demande en janvier, nous aurions même annulé beaucoup plus de vols. Mais en hiver, nous devrons effectuer 18.000 vols supplémentaires et inutiles, juste pour garantir nos slots», a déclaré le patron de la compagnie, Carsten Spohr aux médias d’outre-Rhin.

Dans Le Matin Dimanche, Carsten Spohr a confirmé en personne que le maintien de ces vols était «inutile», mais que ces derniers ne seraient pas complètement vides. «Il s’agit de lignes comprenant moins de passagers et en conséquence non rentables économiquement», explique l’Office fédéral de l’aviation civile (OFAC). «En temps normal, ces vols seraient regroupés ou annulés faute de passagers en suffisance», confirme un porte-parole de Swiss, sans indiquer si de tels cas concernent aussi la filiale helvétique du groupe aérien allemand.

Risque de perte de slots

L’explication, peu connue du grand public, se situe au niveau politique, plus précisément du côté de Bruxelles. Les règles en vigueur depuis le début des années 90 imposent en effet aux airlines d’exploiter leurs slots à 80%, faute de quoi ces créneaux horaires pourraient être remis sur le marché. Pour l’hiver 2021//2022, la règle a été «assouplie», les compagnies aériennes devant utiliser au moins 50% desdits slots pour ne pas les perdre.

Lufthansa n’est pas la seule à opérer des vols à vide. Brussels Airlines a déclaré qu’elle allait opérer 3.000 vols juste pour conserver ses créneaux rapporte The Bulletin, cité par Business Traveller. «Malgré nos demandes urgentes pour plus de flexibilité, l’UE a approuvé la règle des 50% pour cet hiver. Une proposition irréaliste au regard de la chute due à l’épidémie en cours», a déclaré un porte-parole de la IATA à Metro. Cela va à l’encontre des objectifs de réduction de CO² votés par l’UE.

Or la perte de slots est catastrophique pour une compagnie, en particulier sur les aéroports les plus fréquentés. Mais l’objectif visé en plafonnant l’utilisation des créneaux horaires à 80 voire 50% est d’empêcher une compagnie de bloquer des slots et de fermer la porte à une airline concurrente.

(DS)



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