La longue façade du Monastère des Hiéronymites

Capitale toute en couleurs et en lumière, héritière d’une longue tradition d’expéditions maritimes, Lisbonne n’en est pas moins une ville de quartiers anciens qui s’étirent le long du Tage en escaladant les collines autour desquelles s’entortille la ville. Quand le soleil se couche, les mouettes font des piqués au raz du fleuve qui s’embrase et scintille de reflets dorés qui lui ont donné l’étrange surnom de mer de Paille.

Issu de la volonté du roi Manuel Ier et du génie créatif qui existait au Portugal au 16ème siècle, l’art manuélin est une expression artistique typiquement portugaise. Les navigateurs ramenèrent des artistes étrangers pour venir travailler au Portugal et le style manuélin, qui se situe en quelque sorte entre le Gothique et la Renaissance, puise ses origines dans cette rencontre de cultures.

2 sites labellisés par l’Unesco

A Lisbonne ce style a donné deux bâtiments qui en sont emblématiques à tel point qu’ils ont été inscrits au Patrimoine mondial de l’Unesco en 1983 : la tour de Belém et le monastère des Hiéronymites. A l’entrée du port de Lisbonne, en aval de la vieille ville, l’ensemble est directement associé à l’âge d’or des Grandes Découvertes et au rôle pionnier joué par les Portugais aux 15ème et 16ème siècles.

La Torre de Belém sur les bords du Tage construite entre 1514 et 1519

La tour de Belém édifiée jadis au milieu du Tage pour défendre le port de Lisbonne puis rattrapée par la rive droite du fleuve asséché lors du séisme de 1755 est une forteresse qui ne manque pas d’élégance et de légèreté. Sans doute par le télescopage des styles avec une loggia italienne, des colonnes torsadées, des tours d’angles à dômes mauresques et des fenêtres géminées. Rien ne manque au répertoire manuélin : cordages, sphères armillaires, créneaux marqués par la croix de l’Ordre du Christ, autant de sculptures inscrites dans la pierre qui valurent au Portugal d’être connu pour être le « pays où fleurit la pierre ».

Le monastère des Hiéronymites, Mosteiro dos Jérónimos, proche de la tour de Belém, reflète par sa taille et sa magnificence les moyens financiers colossaux dont disposait la Couronne portugaise. Fondation royale de la fin du 15ème siècle, le roi Manuel Ier en fit don aux moines hiéronymites conviés à prier pour lui et à apporter un réconfort spirituel aux navigateurs qui quittaient les rives de Lisbonne à la conquête du Nouveau Monde. L’architecture dominante est le gothique tardif avec des décorations foisonnantes évoquant les découvertes, la mer et le Portugal : ancres, cordages de pierre, coquillages, animaux et plantes fantastiques, proues stylisées de caravelles, sans oublier la croix de l’Ordre du Christ et la sphère armillaire, symbole du roi Manuel Ier, pour évoquer l’universalité de son empire s’étendant du Brésil au Japon.

Le Monument des découvertes construit par l’architecte Cottinelli Telmo a été érigé en mémoire des navigateurs portugais des XVe et XVIe siècles.

On ne s’étonne pas que ce soit dans ce même environnement qu’a été édifié en 1960 le Monument des Découvertes, Padrão dos Descobrimentos, à l’occasion du 500ème anniversaire de la mort de Henri le Navigateur considéré comme le symbole des grandes découvertes qu’il finança et encouragea grâce aux réunions d’éminents concepteurs et experts maritimes pour imaginer de nouveaux navires, cartes et instruments de navigation. C’est lui, le regard tourné vers l’horizon, qui s’avance à la proue de cette caravelle stylisée, suivi d’une trentaine d’hommes illustres, explorateurs, cartographes, missionnaires, tous statufiés pour l’éternité.

Ancrée dans son passé et tournée vers l’avenir

Quand on remonte le fleuve on atteint la « ville nouvelle » née autour du site de l’Exposition Universelle de 1998. Avec son centre commercial Vasco de Gama recouvert d’une immense verrière et encadré par des tours jumelles s’élevant à 110 m de haut, avec ses jardins, ses terrasses de café et ses restaurants, le site est aux antipodes de la Lisbonne trépidante du centre. Le parc des Nations, Parque das Nações, abrite d’ambitieuses réalisations architecturales, comme la gare intermodale Oriente dessinée par Santiago Calatrava qui évoque une palmeraie avec ses arborescences métalliques couvertes de verre. D’autres y voient une transfiguration de l’art gothique.

L’immense statue du lynx ibérique (20m de haut) réalisée par l’artiste urbain portugais Bordalo II et située au Parc des Nations sur l’esplanade face aux tours jumelles, Saint Gabriel et Saint Raphaël

Deux des pavillons de l’Expo98 sont restés : l’Atlantico en forme de coquillage elliptique ou de coque de navire retourné, désormais salle de concerts et le Pavillon du Portugal dont l’aspect massif tranche avec la légèreté apparente de sa gracieuse voile de béton incurvée longue de 65 m, un des grands pôles culturels de la ville. L’Océanorium semble flotter sur l’eau. Autour d’un vaste bassin central de 7 m de profondeur restituant les conditions de la haute mer où évoluent raies, poissons et requins, 4 grands aquariums recréent le milieu naturel des différentes régions océaniques du globe.

L’Océanorium de Lisbonne, le deuxième plus grand aquarium d’Europe après celui de Valence, semble flotter sur l’eau

A partir de là, une agréable promenade s’offre le long du fleuve vers la tour Vasco de Gama qui culmine à près de 150 m. Avec son armature évoquant la voile d’une caravelle, elle est devenue un hôtel de luxe qui ne se visite pas mais un restaurant panoramique devrait ouvrir à terme. On peut aussi s’offrir une balade dans les airs depuis l’Oceanário jusqu’à la Torre Vasco de Gama en empruntant une télécabine qui surplombe l’eau à une trentaine de mètres, de quoi offrir une vue panoramique sur l’ensemble du parc mais aussi sur le pont à haubans Vasco de Gama long de 18 km dont 10 au-dessus du fleuve.

La promenade sur la passerelle en bois qui par endroits surplombe le Tage et puis le longe vers la Tour Vasco de Gama peut aussi se réaliser en télécabine.

Retour à Lisbonne centre pour y retrouver son extraordinaire vitalité avec le grand flux humain qui parcourt les rames de métro, le tohu-bohu des voitures, le concert des avertisseurs et le roulement des tramways. C’est encore ce même bourdonnement qui s’insinue peu à peu dans la ville, ronronnant jusqu’au creux des venelles, là où dès le matin, des mains prestes poussent les volets pour hisser les draps lessivés qui ondulent et gonflent le long des façades décolorées comme les voiles des bateaux en route vers l’océan.

Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux

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Lisbonne, une cité contrastée (2/3)

PRATIQUE

Infos : www.visitlisboa.com 3 jours de visite et il reste encore de nombreux coins, trésors, quartiers, etc. à découvrir… Un guide de voyage très utile sans être encombrant avec plein de bonnes adresses, le Cartoville Gallimard de Lisbonne

Circuler : La Lisboa card est un véritable sésame pour circuler dans la ville que ce soit en métro, tram, funiculaire et train. De plus elle donne accès à de nombreux musées. Attention cela ne vous empêche pas de faire la file (ou pas) pour aller chercher un ticket d’entrée !

Incontournables musées repris dans la Lisboa card : la tour de Belém, le centre culturel de Belém, le monastère des Hiéronymites, l’Arc de Triomphe, le musée national de l’Azulejo dont les collections permettent de faire un voyage dans le temps depuis le 15ème siècle à nos jours. A découvrir aussi en levant le nez sur certaines façades et la signalisation des lieux. Offrez-vous aussi un tour d’une heure sur le Tage pour découvrir la ville depuis le fleuve avec Yellow Boat Tour www.yellowbustours.com/en

Se loger : Sans hésiter le NH Lisboa Campo Grande. Pour sa proximité avec l’aéroport (3 km à parcourir avec l’Aerobus), pour sa rame de métro toute proche qui permet de joindre le centre ville en un clin d’œil, pour son confort et sa luminosité, pour l’excellence de son petit déjeuner et pour l’accueil de la réception qui répond à toutes les questions. www.nh-hotels.fr/hotel/nh-lisboa-campo-grande

Se nourrir : Il y a pléthore de restaurants dans la ville mais nous avons apprécié les spécialités portugaises servies chez A Licorista O Bacalhoeiro dans la Rua dos Sapateiros 218. Il faut demander la carte en portugais pour découvrir le menu du jour. A Belém, dans la rue de Belém 2 à 8, une sympathique terrasse avec des menus savoureux à prix doux.

 

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