Poutine, nos hurlements et le cynisme de la Bourse

C’est fait la Russie a montré sa force, et l’Ukraine, l’Europe et les États-Unis ont commencé à hurler. Les Occidentaux ont immédiatement réagi en mettant en place des tas de sanctions économiques qui s’ajoutent à celles déjà prises contre la Russie depuis des années. Fort heureusement, ce n’est pas encore la guerre.

Si la Bourse est un bon baromètre pour évaluer la situation sur place, on pourrait résumer tout cela assez rapidement: oui, les Russes ont annexé deux républiques. Non, pour l’instant, il n’y a pas d’invasion du reste de l’Ukraine. Oui, tous les Occidentaux hurlent, mais que peuvent-ils faire d’autre ? Oui, des négociations politiques vont reprendre pour éviter le pire. Et pendant ce temps, l’Occident va nous parler de toutes les sanctions prises contre le vilain Poutine, ses amis politiques et ses amis dans le business, sans oublier les sanctions contre son pays et les entreprises qui y travaillent.

Mais le plus important à l’heure où je vous parle, c’est qu’il n’y a pas de guerre totale, raison pour laquelle si la Bourse a mal réagi à l’agression de Poutine, ce n’est pas non plus la panique sur les marchés financiers. En réalité, la Bourse la plus sanctionnée, c’est la bourse de Moscou. En fait, les investisseurs – généralement plus cyniques que vous et moi – se disent, «si on en reste là, alors tout va bien ou du moins, pas trop mal». Question : est-ce que la Bourse a raison de garder un certain calme ? D’une certaine manière, la réponse est oui. D’abord, parce que 40% du gaz européen est russe. Et imagine-t-on l’Europe vouloir vraiment se couper du robinet de gaz russe au risque d’en manquer ? Poser la question c’est déjà y répondre.

Si on prive la Russie de dollars comme la menace Joe Biden, la Russie s’en fiche, car aujourd’hui, seulement 10% de ses ventes de gaz et de pétrole sont libellés en dollars contre 100% en 2013. Par ailleurs, depuis les sanctions économiques qui lui ont été infligées lors de l’annexion de la Crimée, la Russie a réussi à devenir plus autonome: le pays produit plus et importe moins. N’oublions pas l’aide éventuelle de la Chine qui n’aime pas trop l’Occident et son côté donneur de leçons. En clair, la Chine pourrait voler au secours de la Russie, pas tant par amitié, mais pour montrer aux Américains sa force de nuisance.

En résumé, environ 40 pays dans le monde subissent des sanctions, ce qui rend la vie des populations locales plus difficiles, mais soyons honnêtes, ça n’a que très peu d’impact sur les dirigeants politiques de ces pays. L’embargo américain contre Cuba existe depuis 60 ans avec le succès que l’on connaît. Quant à la Corée du Nord, elle a beau être mise au ban du monde, sa dictature est toujours bien vivante.

En résumé, nous hurlons, nous prenons des sanctions dures, mais pas les plus fortes, car nous ne voulons pas non plus acculer la Russie au pire. Et les marchés financiers tablent sur un scénario ou chacun aura en quelque sorte sauvé la face en attendant que les négociations reprennent. La Bourse ne joue donc pas le scénario du pire. Reste à voir si Poutine restera rationnel ou pas. Et ça c’est une véritable énigme. A mon avis, même son épouse serait incapable de nous dire ce qui se trame dans sa tête.

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