Retour en croisière pour les Belges ?

Les voyages et les croisières sont, enfin, à nouveau possibles. Mais c’était sans compter sur la guerre en Ukraine… Nous avons demandé à Alain Souleille, PDG du tour opérateur de croisières Rivages du Monde, quel en est l’impact sur les réservations. Retour en croisière pour les Belges ?

Alain Souleille : « En Europe, la tendance était très claire. Dès que les restrictions telles que les tests PCR et les certificats corona ont été supprimés, tout le monde a recommencé à penser « voyages ». Il y a un mois, tout portait à croire que nous allions vraiment pouvoir laisser la crise du coronavirus derrière nous. Les réservations étaient de retour. »

Alain Souleille constate alors une forte demande pour des destinations « ouvertes », où les restrictions sont peu nombreuses. C’est-à-dire principalement l’Europe. Tandis que d’autres parties du monde, comme l’Asie et l’Amérique, restent bloquées. « L’envie de voyager était, en tout cas, très forte », constate-t-il.

« La guerre en Ukraine a cependant freiné les ardeurs de tout le monde. Pour les voyages en général, mais surtout pour les croisières vers la Russie. Nous organisons des croisières fluviales sur la Volga et des croisières sur la mer Baltique avec, en point d’orgue, Saint-Pétersbourg. Où nous passons deux journées entières : c’est dire si c’est une destination de premier ordre, que l’on ne peut pas remplacer d’un claquement de doigts. On peut se rendre à Helsinki ou Tallinn avec le navire, mais ce n’est pas pour cela que les gens veulent naviguer sur la mer Baltique. »

« Je pense que l’on peut vraiment oublier la Russie dans les années à venir », affirme-t-il, convaincu.

« Les croisières fluviales sur le Danube sont également touchées. Nous avons proposé le « long » Danube, avec des circuits traversant la Hongrie, la Serbie, la Roumanie et la Bulgarie. Mais cette partie de l’Europe de l’Est souffre évidemment des conséquences de la guerre en Ukraine.»

Optimisme

Alain Souleille reste quand même optimiste. « Pour les Ukrainiens, c’est une tragédie. Mais pour le secteur du tourisme, la situation ne sera pas totalement catastrophique. Ce conflit ne se résoudra pas en un jour, on le constate d’ailleurs déjà dans les médias. On voit bien qu’il n’est plus au premier plan de l’actualité quotidienne. Nous allons connaître une petite inflation, mais nous sommes des pays riches qui peuvent absorber de tels chocs. »

« Avec la crise du coronavirus, nous ne savions pas vers quoi nous allions. Combien de temps la situation va-t-elle durer ? Quelle est l’ampleur du danger ? Quand les vaccins arriveront-ils ? » Alain Souleille estime que la situation est bien différente avec la guerre. « L’invasion de l’Ukraine a été un choc, mais elle tend à s’estomper dans les médias. En France, c’est pour l’heure l’élection présidentielle qui fait la une des journaux. Dans le même temps, nous constatons que les réservations reprennent », explique-t-il.

Alain Souleille ressent-il l’envie de voyager parmi les clients ? « Oh oui, énormément. On a vraiment l’impression que tout le monde a décidé que « trop c’est trop ». Ils ne veulent plus de frustration, ils veulent voyager. Et comme nous nous situons dans le segment supérieur, nous constatons que nos clients n’ont manqué de rien. Ils ont les moyens de voyager, et de bien voyager. »

Voyager autrement

Il ne pense pas que les choses vont redevenir comme avant. « Je remarque un changement de comportement. Les gens vont moins voyager, mais plus longtemps et mieux. L’aspect environnemental pourrait également jouer un rôle. Davantage de longs voyages et moins de voyages courts, cela signifie moins de vols, par exemple. »

Alain Souleille constate que l’appétit de voyager s’accompagne aussi d’un plus grand sens des valeurs. « Avoir été confiné deux ans chez soi a fait prendre conscience aux gens de la valeur ajoutée des voyages. Ils veulent à présent découvrir les destinations plus intensément. Le désir d’explorer de nouveaux horizons est également très présent. »

« La Norvège affiche un regain d’intérêt. Cela s’inscrit dans cette nouvelle réflexion : prendre le temps de découvrir cette belle et splendide nature. »

Alain Souleille voit aussi une forte envie de revenir aux valeurs sûres de l’Europe du Sud : le Portugal, la Croatie et la Grèce.

« Les croisières fluviales sur le Douro connaissent un grand succès. Les croisières sur des yachts à moteur le long de la côte Adriatique sont également très populaires. Pour la Grèce, nous affrétons un petit navire de 48 passagers. Nous proposons une croisière autour du Péloponnèse, comprenant un passage par le canal de Corinthe et un circuit autour des nombreuses îles des Cyclades (où accostent peu d’autres navires). Ces deux croisières de « plaisance » offrent un regard original sur la Grèce en combinant sites historiques et plages et baies magnifiques. »

Alain Souleille a toujours privilégié les bateaux de petite taille. Il constate aujourd’hui une demande croissante pour ce type de navires, notamment de la part d’une certaine tranche d’âge. Des croisiéristes qu’il appelle les « explorateurs ». « Ces voyageurs veulent rester à l’écart des sites qui souffrent du tourisme de masse. »

Langue et culture

Rivages du Monde est un tour opérateur français ayant une filiale belge installée à Bruxelles. Quelles langues sont parlées à bord ? « J’essaie de créer des croisières unilingues, soit 100 % néerlandophones, soit 100 % francophones », explique Souleille. « C’est d’ailleurs la norme sur les plus petits navires. Pour la Croatie, nous avons un bateau pour 36 passagers. Organiser une croisière bilingue serait donc impossible. Pensez aux programmes, aux menus, aux appels, aux conférences… »

Souleille indique que, pour des raisons commerciales, les croisières sont en revanche bilingues sur les navires plus grands (p.ex. le World Explorer, 180 passagers). Dans ce cas, nous organisons une croisière 100 % belge, où le directeur et les conférenciers sont belges également. Avec bien, entendu, un départ depuis Zeebrugge ou Zaventem. »

Pour plus d’informations: www.rivagesdumonde.be
Photo d’ouverture : Alonso Reyes on Unsplash 

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