Traduction automatique pour tous: nous y sommes!

Il y a 5 ans déjà, notre chroniqueur Amid Faljaoui se demandait si, au vu des progrès réalisés dans le domaine de la traduction automatique, il ne serait pas bientôt inutile d’apprendre une langue étrangère (PagTour du 26 juillet 2016).

Google Translate, Reverso, mais aussi Microsoft Translate ou Yandex Translate ont longtemps été les références en traduction automatique, jusqu’à ce que le logiciel d’une petite entreprise, Deepl, vienne bouleverser la donne avec un système plus évolué, donnant d’impressionnants résultats. En peu de temps, ce service gratuit a réussi à détrôner le géant Google Traducteur grâce à une qualité de traduction supérieure.

Comment ça marche ?

La traduction automatique statistique a d’abord puisé ses ressources dans d’énormes caches de données contenant des traductions préalablement approuvées pour une paire de langues spécifique, les « corpus bilingues », la machine utilisant un modèle probabiliste pour analyser les corpus et établir des parallèles entre les structures de deux langues et prédire la meilleure traduction.

Le système neuronal, plus rapide, plus nuancé et plus précis, organise pour sa part les données linguistiques en groupes et couches complexes constituant un réseau neuronal artificiel semblable à celui du cerveau humain et à la manière dont il stocke les informations. La machine utilise des bases de données bilingues existantes mais aussi son propre système d’apprentissage automatisé en se nourrissant de nouvelles informations.

Google Traduction donne la possibilité de traduire des textes avec un simple copier-coller, mais on peut aussi importer des documents entiers. Sous différents formats et intègre un système de détection automatique de la langue.

Microsoft Translator est le service de traduction de Microsoft, développée il y a plus de vingt ans selon la méthode statistique, a recours aujourd’hui à des réseaux neuronaux à l’instar de Deepl et de Google Traduction. Le traducteur est au cœur des services de Microsoft mais aussi dans Skype et au sein des différents produits de la suite Office. Intégré par défaut à Edge (Chromium), il peut être utilisé pour traduire des pages web entières pendant la navigation.

La méthode de Deepl repose sur la vérification de traductions par la recherche de bribes similaires. Les réseaux neuronaux de Deepl sont en mesure de contrôler précisément les faiblesses dans les chaines de mots afin d’identifier les bons éléments et de prédire la probabilité d’une séquence de mots. Tout cela est rendu possible grâce aux 5,1 pétaflops de puissance (5.1×1015 soit 5,1 million de milliards d’opérations en virgule flottante par seconde !) libérés par le supercalculateur utilisé par Linguee.

Et les langues parlées ?

Mais ces différents systèmes concernent la traduction de textes écrits. Un magazine spécialisé a d’ailleurs établi un palmarès des meilleurs traducteurs en ligne. Qu’en est-il des langues parlées ? On imagine sans peine que le problème est encore plus complexe, ne serait-ce qu’en raison des différents accents… Là aussi, les recherches remontent à plusieurs dizaines d’années, avec de premiers résultats obtenus par la société japonaise NEC, mais encore peu convaincants à l’époque. Plus récemment, la société chinoise iFlytek, leader du marché de l’intelligence artificielle dans son pays, spécialisée dans les outils de traduction instantanée à reconnaissance vocale, est venue présenter sa technologie à Bruxelles lors d’une journée d’information à la Mission chinoise auprès de l’UE (lire PagTour du 17 septembre 2018).

iTranslate, créée par la start-up autrichienne, cette fois, Sonico Mobile, prend en charge plus d’une centaine (!) de langues et se démarque par sa reconnaissance vocale très pointue. L’application propose des dictionnaires contenant des synonymes et des définitions ainsi qu’un Phrasebook avec plus de 250 phrases prédéfinies. Une version professionnelle est disponible au prix de 4,99 euros par mois (ou 59,99 euros par an) avec des fonctionnalités supplémentaire comme l’utilisation de la caméra pour une traduction instantanée, la conjugaison des verbes dans différents temps ou la traduction automatique de sites web.

SayHi Translate, grâce à son interface épurée, se veut très facile d’utilisation. Totalement gratuite, l’application fonctionne uniquement sur base d’une connexion internet et permet de traduire instantanément des conversations dans plusieurs langues et dialectes. Elle n’est malheureusement disponible que sur iPhone et iPad.

Pour sa part, la société française (oui !) Vasco Electronic, a développé une gamme de traducteurs électroniques bidirectionnels, vendus aux alentours de 250 euros. Le système utilise six moteurs de traduction en même temps, permettant de traduire plus de 70 langues avec 96 % de précision. Le texte traduit est prononcé à haute voix par un traducteur natif. Sa fonction TranslaCall permet de traduire des appels téléphoniques, à partir d’un portable ou d’un fixe doté d’un mode haut-parleur. Idéal pour réserver un restaurant, une sortie ou une excursion. Dans tous les cas, la traduction instantanée dans les deux sens se fait en moins de 0,5 seconde pour une conversation fluide et naturelle. Son dernier modèle, le Vasco Translator M3, proposé à 289 €, bénéficie d’une garantie « satisfait ou remboursé » de trente jours qui permet de tester le produit et décider de le conserver ou de demander son remboursement.

Enfin, dernier arrivé sur le marché, MUAMA Enence proposé cette fois à grand renfort de publicité sur Internet, en promotion à… 89 euros, permet de communiquer dans plus de 36 langues, toutes interchangeables. Grâce à sa batterie longue durée, il peut également être utilisé comme chargeur de téléphone !

On le voit, les possibilités de communiquer dans d’autres langues se multiplient. Et c’est une très bonne nouvelle pour le tourisme, car dans de nombreux pays, il peut être très difficile de trouver une personne capable de s’exprimer dans votre langue, voire même en anglais, ce qui pourrait quelquefois être très utile, surtout en cas d’urgence. Quand on pense qu’il est désormais possible de combiner des paires de langues quasiment à l’infini — du français à l’italien, mais aussi de traduire du polonais en turc, du coréen en bulgare, etc. — on se dit que le vaste monde est en train cette fois de sérieusement rétrécir !

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