Un réquisitoire incompréhensible pour le SNPL

Le SNPL exprime son indignation devant un réquisitoire surprenant au regard des charges mises en évidence tout au long de l’instruction à l’encontre d’Airbus dans le crash du Rio-Paris.

Alors que ce réquisitoire conclut au renvoi d’AIR FRANCE devant le Tribunal Correctionnel en raison d’une « information insuffisante à ses équipages sur les incidents (de sondes PITOT) survenus au cours des mois précédents, leurs conséquences et la procédure à appliquer, dans un contexte d’entraînement insuffisant des pilotes en haute altitude, d’une absence d’adaptation de leur formation et d’un traitement opérationnel défaillant », il serait incompréhensible que, pour les mêmes raisons, AIRBUS ne soit pas renvoyée devant le Tribunal pour y être jugée.

C’est en effet le manuel de formation des équipages d’AIRBUS qui mentionnait « l’efficacité de l’architecture des commandes de vol électriques et l’existence des lois de pilotage éliminent le besoin d’être entraîné aux manœuvres de récupération d’une perte de contrôle de l’aéronef sur les avions AIRBUS protégés » en omettant un fait majeur : après la coupure du pilote automatique due au givrage des sondes PITOT l’avion n’est plus protégé.

Cette affirmation d’AIRBUS est pourtant en totale contradiction avec l’élément décisif avancé par AIRBUS auprès des autorités de certification pour justifier du classement du risque résultant de la perte d’indication totale de vitesse en simple risque majeur et non dangereux, à savoir un «  entraînement adéquat des équipages ».

Le BEA avait déjà souligné dans son rapport la nécessité d’un entraînement au pilotage manuel, à l’approche et à la récupération du décrochage en haute altitude et cette anomalie  du manuel d’AIRBUS.

Le Procureur a bien relevé des manquements d’AIRBUS à cet égard mais a considéré que la documentation d’AIRBUS avait été validée par les autorités de tutelle. Pour bien comprendre ce dont il s’agit, c’est comme si BOEING se voyait dédouanée de toute responsabilité dans les accidents du 737 MAX au motif que la FAA avait certifié l’avion.

Cette analyse est irrecevable

C’est oublier que, faute de compétences égales à celles du constructeur et de moyens, l’autorité de tutelle délègue dans le cadre des « conditions spéciales et des dispositions particulières » une partie de la certification au constructeur.

Les négligences commises par l’autorité de tutelle et dénoncées tout au long de cette instruction par le SNPL FRANCE ALPA ne peuvent en aucune façon être une cause d’exonération de ses responsabilités pour AIRBUS.

Au demeurant le SNPL considère également que l’absence totale de mise en cause des autorités de régulation dans cette procédure d’instruction, autorités qui ont manifestement failli dans leur devoir de contrôle, est tout aussi inacceptable.

« Nos pensées vont tout d’abord aux familles des victimes. Ce non-lieu requis pour AIRBUS est incompréhensible au vu de la connaissance que nous avons du dossier. Ce procès doit notamment permettre de comprendre l’ensemble des causes de ce tragique accident. L’absence d’un des principaux protagonistes ne laissera que des questions sans réponse et cela est insupportable. Si cette position était suivie par le Juge d’Instruction elle constituerait un véritable recul pour la sécurité de notre industrie. Les charges pesant contre AIRBUS sont amplement suffisantes pour que ce protagoniste majeur du dossier soit renvoyé devant le Tribunal Correctionnel auquel il appartiendra de juger de toutes les responsabilités », a affirmé Vincent GILLES Vice-Président du SNPL.

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