Une croisière au fil du Douro (1/3)

Le Douro ainsi nommé sur les quelque 200 kilomètres qu’il parcourt au Portugal prend sa source en Espagne à 2160m d’altitude où il parcourt sous le nom de Duero près de 600 km, avant de dessiner une partie de la frontière hispano-portugaise et de traverser enfin le nord du Portugal pour se jeter dans l’Océan Atlantique, dans l’estuaire de Porto. Seule la vallée du Douro est navigable même si parfois le fleuve se faufile le long de gorges schisteuses.

Quand on embarque sur le M/S Queen Isabel qui emmène sous la bannière de Rivages du Monde ses passagers jusqu’à la frontière espagnole, en leur offrant un aller-retour au cœur d’un paysage de coteaux qui affiche fièrement le trésor sorti de ses entrailles grâce au travail séculaire de paysans vignerons, on s’offre à coup sûr une escapade paisible.

On se laisse glisser sur cette longue route liquide et on en prend plein les yeux, allongé sur un transat ou immergé dans l’eau chaude de la piscine ou encore debout près du bastingage à la proue du bateau.

On devine sur les hauteurs une route étroite qui épouse comme nous les méandres du fleuve, on voit surgir parfois un petit train qui s’enfonce dans un tunnel creusé dans les collines schisteuses et on se réjouit d’avoir choisi le rythme lent d’une croisière qui offre une vue à 360 degrés pour peu qu’on veuille se promener sur le pont-soleil.

Le M/S Queen Isabel, notre hôtel flottant.

Douro
Vie paisible sur le pont Promenade entre piscine et transats pour mieux observer le paysage environnant.

Avec ses 59 cabines réparties sur trois ponts, le Queen Isabel offre l’assurance d’une croisière intimiste d’autant que nous n’étions que quelque 90 passagers à embarquer en ce mois d’août. Porto nous a accueillis en fin de journée avec la pluie mais peu importe, chacun était bien trop impatient de découvrir ce qui serait notre nouveau home pour une semaine. Les passagers s’égayent, certains à la découverte des ponts ou, pour la majorité, celle de la cabine bien aménagée pour distribuer le contenu des valises qui trouvent à se glisser dans la garde-robe ou sous les lits.

Les cabines du bateau sont toutes extérieures et pour la plupart équipées d’une large baie vitrée qui offre d’emblée un splendide panorama sur la Ribeira do Douro, le cœur historique de Porto illuminé dès le coucher du soleil.

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Vue plongeante sur le Queen Isabel.

Premier contact ensuite avec le salon-bar panoramique situé comme il se doit sur le pont Panorama où a lieu une présentation rapide des membres de l’équipage à notre service. Ensuite nous sommes dirigés vers la salle du restaurant située sur le pont Supérieur. Chacun s’y voit désigner une table qui sera la sienne durant toute la durée du voyage. Bien entendu une fois installé à table il ne reste plus qu’à apprécier la cuisine du chef qui marie des spécialités portugaises à une cuisine plus internationale pour satisfaire tous les goûts d’autant qu’un menu à choisir est proposé pour chaque repas.

Le vin offert au déjeuner et au dîner change chaque jour mais il s’agit toujours de découvrir un vin du Douro. Enfin le pont Soleil accueille dès le lever du jour des passagers curieux qui profitent bien avant le petit déjeuner du départ de Porto sur un fleuve couvert de bancs de brume. La petite cité est encore endormie tandis que l’on glisse sous les 6 ponts qui annoncent l’entrée ou la sortie de la ville.

Au fil de l’eau.

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Les vignobles dégringolent jusqu’aux rives du fleuve en épousant la rondeur des collines.

La croisière est ponctuée par le passage de 5 écluses qui permettent de sauter sur 208 km un dénivelé de 125 mètres entre le niveau de l’océan Atlantique et le petit port de Barca d’Alva à la frontière espagnole. Ce sont ces barrages, qui sont autant de centrales hydrauliques, qui ont permis de dompter le cours tumultueux du Douro. Chacun d’eux possède des écluses qui servent d’ascenseur aquatique pour les bateaux qui remontent ou redescendent le fleuve. Mais on reste impressionné quand on sait qu’elles n’offrent que quelque 30 cm de jeu à droite et à gauche de la coque de notre bateau et que c’est à l’œil que notre capitaine se glisse dans le couloir étroit que forme le sas fermé au bout par une double porte, voire par une porte cylindrique qui se glisse de haut en bas.

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Dans l’écluse de Carrapatelo, en version ascendante.

Nous aurons la chance de passer l’écluse de Carrapatelo qui serait la plus haute écluse d’Europe avec ses 35 mètres qui se franchissent pourtant en 25 minutes à peine. On l’a surnommée la Cathédrale et avec la Toccata de Bach proposée par notre directeur de croisière pour accompagner notre ascension vers le plan d’eau supérieur, cette expérience n’en est que plus insolite et déconcertante. A l’inverse, au retour vers Porto, nous serons tout aussi surpris voire étourdis de découvrir le fleuve à quelque 22 m en contrebas des écluses do Pocinho et da Valeira.

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Certains abords du fleuve s’évasent en douceur pour dessiner des plages herbeuses.

La création des barrages a quelque peu transformé le fleuve en plans d’eau paisibles d’une écluse à l’autre, avec même quelques jolies plages de rivière de sable bordées de pelouses arborées qui garantissent de l’ombre aux heures les plus chaudes. La plupart des activités telles que kayak, aviron, paddle, jet ski, se découvrent dans la première partie de la croisière mais plus on remonte le fleuve, plus on éprouve cette sensation étrange de changer de monde. Cette fois on partagera le fleuve avec quelques pêcheurs ou d’autres bateaux de croisière que nous croiserons toujours avec un coup de corne et de grands vivats des passagers.

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Les rives pentues du Douro sont tapissées d’oliveraies à la frontière espagnole car la terre y est difficile à travailler pour y planter des vignes.

Surtout, on se laisse happer par ce paysage monumental de terrasses qui quadrillent les pentes raides des collines qui se succèdent au bord du fleuve, en alternance avec des sols accidentés de roches schisteuses qui dégringolent vers le fleuve là où il devient plus étroit en taillant son lit entre des gorges. Le paysage devient plus âpre, les terrasses alignent au côté de vignes des oliviers et des amandiers. Des hameaux aux murs blanchis resserrés autour d’une église et des quintas avec leurs bâtiments viticoles jalonnent ce paysage, à mi-hauteur des collines. Pas étonnant que l’Unesco ait accordé dès 2001 son label à toute la région viticole du Alto Douro dans la catégorie des paysages culturels. (à suivre)

Rivages du Monde propose cette croisière exceptionnelle au fil du Douro depuis le 1er avril jusqu’à la mi-novembre, semaine après semaine, avec des prix différents selon que la saison que vous choisissez. Cette croisière rythmée chaque jour par une escale de quelques heures ainsi que par un amarrage pour la nuit permet de s’immerger dans l’arrière-pays ou dans Porto pour ceux qui aiment se promener en soirée. Des activités sont également proposées : des conférences, un spectacle folklorique, des animations ludiques… Un voyage tout en sérénité. www.rivagesdumonde.be

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