Overrun du 9 Mai

Tout s’efface.

Je fais partie, en France, de l’Académie de l’Air et de l’Espace. Une docte assemblée qui s’est ouverte aux Européens et qui est réputée pour la qualité de ses membres d’horizons divers et qui rédigent des études et recommandations. Une de ses missions est la « conservation du patrimoine », tâche que remplit en particulier la section (Art, Histoire, Littérature…) à laquelle j’appartiens. Autant dire qu’avec l’arrivée de l’informatique, la tâche est rude.

Il y a quelque temps déjà, Denis Parenteau, ancien d’Air France et devenu Président de l’Association du Musée Air France jusqu’en 2010, me confiait la difficulté de faire aujourd’hui des recherches historiques : « Voyez-vous, lorsqu’on voulait comprendre la stratégie d’une compagnie, on feuilletait, notamment, les horaires du transporteur.

Telle année, il y avait trois rotations Paris-Dakar, l’année d’après six, puis dix et puis tout à coup deux de nouveau. Il était intéressant d’en chercher les causes. Concurrence locale ? Concurrence étrangère ? Causes exogènes ? Concentration sur de nouveaux marchés ?… c’était passionnant pour les fins limiers du musée. »

Et de poursuivre : « Aujourd’hui, vous ne trouvez les horaires que sur internet et forcément, je ne vous parle pas des tarifs qui, dans le temps étaient fixes et ne le sont plus et ont donc totalement disparu. Mais que se passe-t-il lorsqu’on change des horaires à l’heure actuelle ? En un clic, c’est fait. Et que reste-t-il historiquement de ceux qui ont été remplacés ? RIEN ! Absolument rien et quasi impossible de les retrouver. C’est ainsi que le passé s’efface et que ne reste que le temps présent. »

Mais c’est dans l’air du temps. Les jeunes générations se fichent du passé et même de leur hérédité. Malheureusement, elles oublient que les derniers survivants qui tentent d’apporter des informations sur Wikipedia ont été les chercher dans des livres, des documents.

Un jour, j’ai écrit un livre sur une industrie aéronautique et j’ai eu toutes les difficultés du monde, malgré l’aide de la direction, pour trouver des archives du passé, à part des documents comptables, dont la conservation était obligatoire. C’est finalement un syndicaliste retraité qui m’a le plus aidé car il avait tout gardé pendant les quarante années passées dans l’entreprise.

Ce qui montre aussi l’importance des témoignages. L’Académie de l’Air s’y emploie en interviewant en profondeur les anciens – non, les Anciens – qui ont fait l’histoire de l’aviation. En espérant que ce ne seront pas que les autres Anciens qui les écouteront. Notons au passage qu’en 2013, Denis Parenteau a publié un remarquable ouvrage intitulé Air France dans tous les ciels et qui – bonheur total – comprend, en plus de l’historique et des photos inédites, des facsimilés de billets d’avions, horaires, menu de Première classe, brochures publicitaires, posters et j’en passe. Une pure merveille.

La citation du début

«  La contraception doit avoir ses règles. » (Bernard Kouchner)

Anciens combattants

Lors de mon service militaire, j’avais déjà 26 ans, comme la plupart de mes copains qui étaient sursitaires pour avoir suivi des études universitaires. Notre COR (Candidat Officier de Réserve), déjà sous-lieutenant, avait… 18 ans. Il n’en menait pas large. Mon instruction avait lieu chez les Chasseurs-Ardennais (hé !, on ne rigole pas !) et tout milicien avait droit à ses corvées. Un jour, le sergent – un vieux, celui-là – entre dans ma chambre et me demande : « Anspach, vous n’aviez pas corvée chiottes ? »
– Si Sergent, mais quelqu’un s’en occupe.
– Et en quel honneur ?
– Il a perdu au poker menteur et, après avoir fait mon lit, il fait mes corvées. On n’a rien d’autre comme enjeux possibles.

Sa réponse m’a amusé : « Vous jouez au poker menteur ? » Je ne lui ai pas dit que je jouais plutôt bien, après voir bourlingué dans les bars de la capitale. Bref, on s’est mis un jour à une table et il a perdu. « On remettra ça ! », a-t-il lancé.  Et on est devenus très copains.

Où mourir ?

Un étudiant qui avait une approche assez innovante de l’interview me demandait dans quel pays j’aimerais mourir. Après un moment d’hésitation, je lui ai dit : « Mourir en Epectase ! » Il m’a regardé de travers : « C’est où ça ? » A quoi, je lui ai répondu d’aller voir dans le dictionnaire.

L’A320 fantôme

Un responsable d’Airbus me disait dernièrement que, de tous les Airbus A320 vendus à la Chine, un seul avait disparu sans laisser de traces. Tout le monde a suspecté les Chinois de l’avoir acheté pour le décortiquer et d’en découvrir tous les secrets. Cela dit, cette histoire date d’avant l’installation d’une usine d’assemblage A320 à Tianjin. Mais quand même, il y a bel et bien un A320 fantôme dans la flotte du constructeur européen !

La citation de la fin

« Il y a une phrase formidable de Spinoza, que j’ai oubliée, mais il avait raison. » (Citée dans le film Clara et les chics types – 1981)

Une petite dernière ?

Le petit Etienne entre dans la cuisine en pleurant.
– Mais qu’est-ce qui t’arrive ? lui demande sa maman.
– C’est Papa qui s’est donné un coup de marteau sur le doigt en voulant accrocher un tableau !
– Mais tu aurais dû rire, c’est plutôt rigolo !
– C’est ce que j’ai fait !

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