Croisière entre Cambodge et Vietnam, au fil du Mékong (3/3)

Troisième et dernière partie de notre périple sur l’emblématique fleuve asiatique, jusqu’à Hô-Chí-Minh Ville, l’ancienne Saïgon. Depuis le 7 août dernier, après deux années d’interruption forcée, la flotte de CroisiEurope a repris son activité sur le Mékong.

Le fleuve s’est élargi et il est parsemé de bateaux dragueurs de sable des fonds du fleuve dont les barges chargées à ras des flots inondent même la proue quand elle fend l’eau. Ce va et vient incessant de montagnes de sable raconte un trafic important vers Hô-Chí-Minh Ville avant un autre voyage vers Singapour. Quelques rares pêcheurs se faufilent péniblement entre les chalands et notre bateau qui créent des mouvements de vagues qui les font tanguer dangereusement.

Les couleurs du Vietnam

Le canal qui relie le bras inférieur du Mékong à son bras supérieur est plutôt le royaume de fermes piscicoles. On raconte qu’il y en aurait près de 3000 ! Autant de maisons flottantes posées sur des bassins en bois de près de 5 m de profondeur, 20 m de long et 10 m de large clôturés par des grillages qui retiennent quelque cent mille poissons élevés durant une dizaine de mois avant d’être pêchés avec des nasses et déversés dans de hauts futs remplis d’eau du lac et chargés dans des camionnettes ou encore dans des bateaux dont la coque est creusée de petits hublots grillagés pour permettre à l’eau de baigner les poissons entassés dans la soute. Tilapias rouges, pangasius, poissons chats qui vont alimenter les marchés japonais, américains et européens.

La navigation est difficile sur les 29 km du canal Cho Gao car les bateaux ne peuvent pas voyager quand la marée est basse, ce qui explique l’afflux du trafic lors de la marée haute avec les risques de collisions entre autres causées par les vagues massives créées par les plus gros navires

Très rapidement on réalise que le cours du Mékong jusque-là plutôt ample et clair devient dédale aquatique, multipliant des bras qui eux-mêmes se perdent en canaux tous exploités par des entreprises piscicoles ou agricoles. On croise sur ce réseau capillaire toute une batellerie composée de péniches chargées d’écorces de riz, de vedettes rapides, de navettes scolaires, de barques, de frêles pirogues et aussi de bacs transbordeurs qui sans discontinuer embarquent piétons, vélomoteurs, voitures, camions chargés de victuailles. A notre tour de glisser dans ce trafic incessant dans nos chaloupes qui accostent plus aisément sur les berges du fleuve.

Les jardins du Mékong

C’est que le delta en plus d’être un vivier géant est un luxuriant jardin horticole, entre rizières mais aussi plants de maïs, de cannes à sucre, de piments , de haricots, de patates douces sans oublier l’abondance des vergers d’ananas, de manguiers, de cocotiers, de longaniers, de pamplemoussiers, de durians, de caramboliers, de jaquiers, de papayers, etc…

A 110 km de Ho Chi Minh la maison Baduc, au cœur du delta du Mékong, est un des rares derniers exemples de la combinaison des styles vietnamien et français avec un style propre à la période coloniale. C’est aujourd’hui un B&B

La promenade sur les chemins de l’île Binh Hoa Phuoc proche de Caibe ou de Thoi Son voisine de My Tho permet de découvrir des micro-villages où se succèdent de belles maisons traditionnelles en bois sur pilotis et de nouvelles villas cossues en pierre. Sous les frondaisons un délicat parfum de jasmin nous accompagne vers des ateliers de fabrication artisanale de riz soufflé et de fines galettes de riz qui servent à confectionner les rouleaux de printemps.

Nous nous perdrons aussi avec délice dans le marché de Sa Dec, cette ville bien connue pour y avoir abrité les amours de Marguerite Duras et de l’Amant. D’un côté, à l’abri dans un vaste hangar, des hommes s’affairent, grossistes en fruits et légumes ; de l’autre, des paysannes sont accroupies à même le sol, à côté de leurs palanches encore chargées des produits de leurs fermes. Quand on se penche vers les étals, on s’étonne de ces pratiques quelque peu barbares qui assurent pourtant la fraîcheur de l’animal abattu sur place, nettoyé et découpé à la demande.

Sa Dec et son marché alimentaire à ne pas manquer pour sa couleur locale, très authentique encore

Mais c’est l’ambiance qui nous emporte, très colorée et bavarde, bien loin des petites boutiques cambodgiennes ouvertes devant la maison de leurs propriétaires souvent vêtues de couleurs sombres. Ici, dans ces passages étroits bondés de paniers chargés de légumes variés et de fruits mûrs, on assiste au ballet des chapeaux coniques retenus sous le menton par un ruban coloré qui virevoltent au rythme des conversations ou de la déambulation des acheteuses qui portent des pantalons légers et des blouses plus fleuries les unes que les autres. Des voix s’entrechoquent dans une cacophonie de discussions et de rires rythmée par les klaxons des scooters qui zigzaguent entre les passants avec plus ou moins d’agilité.

Terminus, Hô-Chí-Minh-Ville

La silhouette moderne de l’ancienne Saïgon

Poumon économique du pays, la ville apparaît d’emblée comme une cité frénétique et entreprenante d’autant que la circulation y est dantesque. 9 millions d’habitants et 6 millions de motos, soit une ronde infernale chaotique, un concert de klaxons incessant et une pollution avérée qui amènent les conducteurs à circuler avec un masque sur le visage et pour les femmes, un drap roulé autour de la taille pour protéger leurs vêtements des poussières. Si l’horizon est barré par des tours de verre modernes, le cœur historique de la ville a conservé son magnétisme, entre boutiques de luxe qui bordent l’ancienne rue Catinat et quelques vestiges bien conservés de l’époque coloniale française comme l’hôtel Majestic et l’hôtel Continental. La cathédrale Notre-Dame, construite dans un style néo-roman, toute en briques rouges importées directement de Toulouse, dresse ses clochers de 40 m de haut face à la poste centrale, une des perles de l’architecture coloniale française, avec sa charpente métallique imaginée par Eiffel qui lui donne l’allure d’une gare ferroviaire.

La cathédrale Notre-Dame de Saïgon reste une référence au « petit Paris de l’Extrême Orient »

A l’inverse, Cholon, cette ancienne enclave chinoise en terre vietnamienne, a conservé intacte son originalité. Des idéogrammes illisibles, de sombres boutiques envahissant les trottoirs pour y vendre d’insolites herbes, racines et écorces médicinales, un marché couvert grouillant et populaire qui expose un improbable bazar et de nombreuses gargotes pour manger sur le pouce. Cholon c’est aussi le lieu de toutes les congrégations où temples et pagodes pittoresques s’y multiplient. Dans le Temple Thien Hau dédié à la déesse de la mer, on reste impressionné par la quantité de bandelettes rouges qui font figure d’ex-votos et qui rappellent l’épopée des boat-people. Il faut aussi lever les yeux pour admirer la sarabande des jolies figures de céramique qui garnissent les toitures. Plus étrange encore, le temple coloré voire même kitch de Cao Dai, une nouvelle religion créée en 1925 qui se veut une réconciliation entre le bouddhisme, le taoïsme, le confucianisme et le christianisme, l’occasion de découvrir que les fidèles y honorent des personnalités insolites comme Victor Hugo, Jeanne d’Arc ou Churchill.

Dans un temple Cao Dai, l’œil divin qui voit tout est situé au-dessus du portique d’entrée dans un triangle qui symbolise la justice

La dernière soirée sur notre bateau amarré non loin du pôle touristique nous offre un point de vue unique sur la ville qui s’illumine de mille feux après avoir été le théâtre des ballets de cerfs-volants sur la rive opposée. Même à quai, l’effervescence de la capitale nous accompagne avec le va et vient quelque peu assourdissant de bateaux-restaurants-bars aux formes insolites sous les lampions. Pas besoin de quitter notre bateau pour deviner que Hô Chí Minh-Ville ne dort guère…

Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux

– Lire la première partie de notre reportage
– Lire la deuxième partie de notre reportage

PRATIQUE

Les plus beaux mais aussi rares bateaux qui offrent une croisière entre Siem Reap au Cambodge et le port de Hô-Chí-Minh-Ville au Vietnam appartiennent à CroisiEurope déjà connu pour être le leader de la croisière fluviale en Europe www.croisieurope.com . Nous avons voyagé avec le RV Indochine II, dernier né de la flotte de CroisiEurope sur le Mékong inauguré en septembre 2017. Ce qui permet à l’entreprise de multiplier par deux la fréquence des croisières sur le fleuve. Avec ses 31 cabines spacieuses de 18 m2, toutes avec un balcon privatif, réparties sur 2 ponts, ce petit paquebot dont la décoration s’inspire de l’époque coloniale tout en offrant le confort moderne (piscine, wifi, service de wellness) assure une navigation paisible qui entraîne les voyageurs dans une croisière de charme tout en multipliant des expériences inoubliables.

Par ailleurs il faut savoir que le bateau peut-être entièrement chartérisé par une agence de voyage qui le souhaiterait. Toutes les formalités à prendre en compte sont à découvrir sur le site. Sachez aussi que toutes les excursions sont incluses dans le coût de la croisière, aucune surprise à craindre de ce côté-là ! Du delta du Mékong aux temples d’Angkor (Formule port/port) | CroisiEurope Belgique

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