Le skischam, une menace pour les stations de sports d’hiver ?

Tout le monde connait aujourd’hui le Flygskam, cette “honte de prendre l’avion”, concept venu de Suède, désormais plutôt à classer dans la catégorie épiphénomène quand on voit les niveaux de réservations affichés par les compagnies aériennes. Et même les jeunes, pourtant les plus sensibles aux questions environnentales et climatiques, ne sont guère plus nombreux que leurs ainés à se priver d’un week-end à Barcelone, et pas davantage d’un long-courrier quand ils peuvent se l’offrir.

Les jeunes générations plébiscitent aussi les sports d’hiver. Mais les voilà confrontés à une nouvelle injonction : se priver d’un plaisir désormais coupable, le ski. Un nouveau concept est en effet apparu ces derniers mois, le skischam ou “honte de skier” en allemand. Le phénomène reste plutôt marginal. Mais des oppositions radicales apparaissent au grand jour. A Verbier en Suisse par exemple, des activistes ont vandalisé des canons à neige, lesquels consomment il est vrai jusqu’à 30% de l’électricité de certaines stations. Et des perches de remontées mécaniques ont même été coupées à la disqueuse.

Les amoureux de la poudreuse sont pourtant rares à renoncer aux sports d’hiver, comme on peut le constater ces jours-ci encore avec de fortes réservations pour les vacances de carnaval. Pour rappel, d’après une étude menée par l’Institut de sondage et d’études marketing LHM Marketing, il était 730.000 Belges à se rendre aux sports d’hiver en 2019 (au moins une fois dans l’année), les Flamands plébiscitant plutôt l’Allemagne et l’Autriche – où a pris naissance ce concept de skischam – et les Wallons la France.

Ces écologistes radicaux se trompent de cible. Ils feraient mieux de mettre d’abord l’accent sur le transport. Les déplacements des skieurs de chez eux jusqu’aux pieds des pistes représentent plus de 70% du bilan carbone des vacances à la neige. On se rend le plus souvent dans les stations en voiture. Le plus gros impact positif pour l’environnement serait donc de privilégier le train ou le covoiturage pour son voyage à la montagne.

L’électricité, elle, est surtout produite par des barages. L’eau reste par ailleurs abondante en montagne, n’obligeant pas à puiser profondemment dans les nappes phréatiques. Les besoins pour enneiger les pistes s’avèrent à l’arrivée assez faibles au regard des ressources.

Du fait du réchauffement climatique, les volumes de neige se réduisent comme peau de chagrin dans les stations de moyenne montagne. Et les canons à neige ne permettent pas seulement de produire de la neige quand il n’y en a pas, mais aussi d’en ajouter afin d’assurer des périodes d’exploitation des domaines plus longues et économiquement viables.

Les nouveaux canons à neige représentent un vrai espoir. Ils produisent de la neige de culture par tous les temps, pouvant cracher leurs flocons même si les températures extérieures sont (même très largement) positives. Leur système de récupération de chaleur permet aussi de chauffer à moindres coûts de nombreux lieux d’exploitation des domaines skiables (bureaux, gares de télécabine, hangar à dameuses…). Un cycle vertueux pour un enjeu de taille.

Au delà des conséquences du réchauffement climatique, et de la menace du skischam, le ski est en effet en perte de vitesse. Il coûte encore cher et subit la concurrence de pratiques moins onéreuses (raquette, ski nordique, randonnée quand il n’y a pas de neige…).

Les stations de sports d’hiver ne manquent pas non plus de rappeler leurs efforts pour réduire leurs bilans carbone, même s’il reste encore beaucoup à faire. Et elles soulignent volontiers l’importance du ski pour les économies locales, et comme pourvoyeur d’emplois. Sachant que ces arguments ne suffiront pas demain, qu’elles devront innover et se réinventer.

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