Les labels en tourisme : un business comme un autre ? 

En tourisme comme dans d’autres secteurs économiques, les labels “de qualité” prolifèrent. Chez Visit Brussels, on a même créé un service ad hoc nommé Quality Academy, qui organise une semaine de sensibilisation en ligne sur les labels touristiques de référence, du 13 au 17 Février. L’occasion pour nous de nous pencher sur ces labels et sur l’utilité générale d’être ou ne pas être labellisé.  

Précisons d’emblée que les labels qui feront l’objet d’une présentation en ligne relèvent tous de la RSE et du tourisme responsable. Il y a aussi d’autres labels, dont certains nous semblent parfaitement inutiles, surtout lorsqu’ils sont payants, et d’autres au contraire sont très utiles. 

Parmi les inutiles, je me souviens d’avoir un jour été “nommé” meilleur DMC de l’année : je pouvais aller chercher mon trophée lors d’une soirée de gala à Madrid, à condition de payer 2500 €, une somme qui me permettait de “labelliser” toutes mes publications, mes emails, etc. Inutile de dire que je n’ai jamais reçu ce titre.  

Label qui fut bien utile : le membership à BAPCO pour les organisateurs de congrès belges : c’était un label, hélas disparu avec l’association, qui fournissait au client potentiel des garanties quant à l’exécution professionnelle d’un meeting, d’un congrès, etc, à une époque où, par comparaison, les AGV “bénéficiaient” d’une garantie grâce à leur licence, ce que n’avaient pas les PCO. 

Autre label qui mériterait une bien plus grande diffusion sur son utilité : le label CERTA, attribué aux AGV qui sont reconnues pour leur sérieux et leur compétence (on peut l’espérer). Ou encore, le label “Gay Friendly” bien répandu dans le monde pour que cette catégorie de personnes ne souffre pas d’exclusion où qu’elle se trouve. 

Citons encore le vieux label des Clefs d’Or, attribué aux concierges de grands hôtels, et qui était très envié. Mais honnêtement, vous-même ou l’un de vos clients a-t-il jamais choisi un hôtel parce que le concierge était porteur des Clefs d’Or ?  

La Quality Academy de Visit Brussels a sélectionné 5 labels : “Qu’ils concernent les sites, hébergements, monuments ou activités touristiques, ces labels témoignent d’un engagement dans une démarche qualité visant à améliorer l’expérience des visiteurs et, pour certains, à préserver l’environnement.” 

Le premier est “Entreprise Ecodynamique” : “reconnaissance officielle et gratuite. Elle récompense et encourage les entreprises, associations et institutions bruxelloises, issues du secteur public ou privé, qui agissent pour réduire l’impact de leur activité sur l’environnement.” On y trouve de très grosses entreprises qui n’ont rien à voir avec le tourisme, dont les 2 plus gros employeurs de la région : la STIB ou Audi ; mais aussi de grandes institutions comme la Banque Nationale, un seul hôtel (sauf erreur) : Le Plaza ; des clubs de sport tel Le Léopold Club ou des associations comme la Fondation Roi Baudouin. 

Un deuxième label porte sur l’accessibilité : “Access-i vous informe sur le NIVEAU d’accessibilité des lieux ouverts au public, des infrastructures touristiques et sportives, des parcs et jardins, des circuits vélo et des évènements.” Il est plus wallon que bruxellois, mais qu’importe. Exemples : le Circuit Aubel – Hombourg dans le Pays de Herve, le Pôle de la Pierre à Soignies, le projet Natur’Accessible au Parc Naturel de Spa. 

Le label Green Key est “le 1er écolabel international pour l’hébergement touristique. Il est également décerné à des centres de conférence, des parcs d’attractions et des restaurants depuis 1994, (…) pour que les voyageurs du monde entier reconnaissent à travers son logo unique les établissements engagés dans une démarche de tourisme durable continue et progressive”. C’est évidemment non seulement très tendance, mais aussi très responsable et indispensable. Pourtant, encore une fois, je pose la question : avez-vous des clients qui exigent ce label ? Leur proposez-vous des établissements bénéficiant de ce label ? 

Le label « Bike Friendly » à Bruxelles “est limité aux hébergements. Les établissements ayant le label offrent un service aux cyclotouristes et créent ainsi un réseau d’hébergements « adaptés aux cyclistes » à Bruxelles.” Ça, c’est évidemment très utile à ce tourisme de niche qu’est la randonnée à vélo, j’en ai fait l’expérience moi-même il y a de cela… de nombreuses années ! Les critères imposent d’être situé près d’itinéraires cyclables régionaux (ICR), d’avoir un parking ou un local vélo sécurisé ; de disposer d’une borne pour recharger les vélos électriques, etc. Indispensable. 

Enfin, la dernière séance proposée par la Quality Academy met en avant le “Brussels Health Safety Label : Les lieux certifiés par ce label respectent les mesures d’hygiène conformes aux normes en vigueur et appliquent les règles de prévention propres à chaque secteur.” En période d’après-covid, cela semble déjà un peu dépassé sur certains points très restrictifs, même si l’hygiène devrait exister toujours et partout : “tous les établissements certifiés répondent aux exigences suivantes : l’information aux visiteurs sur les précautions sanitaires lors de la réservation, du personnel formé aux mesures d’hygiène et règles de prévention, des afflux de visiteurs limités, la garantie de la distanciation physique de minimum 1,5m entre chaque visiteur, et le nettoyage très régulier du lieu”.  

Reste la question (et je la pose pour la troisième fois) : quels sont les labels vraiment utiles, quels sont ceux qui relèvent du business, quels sont ceux qui servent à flatter l’égo du bénéficiaire ? Quels sont ceux qui, malgré leur utilité, resteront sans doute confidentiels et n’influenceront en rien –ou si peu—le choix du client ? Merci quand même aux deux organisatrices de cette formation. 

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