L’éternel débat des pour et des contre Ryanair

Un de nos lecteurs assidu réagit à l’interview que M.O’Leary a accordé à Patrick Anspach dans l’Echo. « Article intéressant qui, indirectement, fait l’éloge de la mauvaise gestion et illustre une nouvelle volonté de réduire nos libertés. Où cela va-t-il s’arrêter ? »

C’est un point de vue, et il n’est peut-être pas tout à fait faux. Il poursuit : « Nombre de compagnies aériennes viennent de recevoir des milliards d’euros de support (notre argent) pour survivre alors que Ryanair n’a rien demandé et dégage des bénéfices. »

Une petite remarque : Ryanair perçoit aussi des aides, mais très indirectement. Il y a une pression, depuis de nombreuses années, exercée par la compagnie irlandaise, pour obtenir des rabais importants par exemple sur les taxes aéroportuaires. On peut dire ce que l’on veut, mais si les régions, les chambres de commerces, les villes parfois percevaient l’entièreté des taxes, elles auraient des moyens en plus « de notre argent ».

Deuxième petite remarque : qu’on le veuille ou non, Ryanair n’a aucune obligation étatique à remplir, comme celle par exemple de favoriser le développement de nos entreprises ou une coopération au développement en offrant des liaisons moins rentables sur le plan micro-économique, mais rentables pour le pays dans une optique macro-économique.

« Ce n’est pas le prix d’un billet isolé qu’il faut considérer mais bien l’ensemble du modèle économique. » Ici, nous sommes d’accord. « Et depuis 30 ans, celui de Ryanair est bénéficiaire. Ce n’est pas prendre parti, c’est une réalité. Si on interdit les billets à 10 euros, pourquoi ne pas interdire le poulet à 3 euros chez les Hard Discounters, les tee-shirts (industrie textile plus polluante que l’aérien) à 1 euro chez Primark ou encore les gadgets fabriqués en Chine et qui rendent l’âme après quelques utilisations comme les guirlandes de Noël… » Encore une fois, c’est un point de vue que l’on peut comprendre, et mettre admettre.

Est-il « sain » pour autant ? Force est de constater qu’il démoli complètement le sens des valeurs, surtout chez les jeunes. Exemple : nous partons dans quelques jours en Dordogne. Nous avons réservé des billets chez Ryanair, à 24 € l’aller-simple.

Soit 7 € de plus que le trajet en train du centre de Bruxelles vers l’aéroport de Zaventem (8 km), pour prendre un point de comparaison. La réservation date d’il y a 2 semaines. Contrôle des prix aujourd’hui : 243 € pour le même trajet, soit 10 fois plus. C’est plus que perturbant. Les derniers inscrits paient pour les autres, mais le prix moyen du vol sera assuré.

Et nous nous en réjouissons, puisque si ce vol n’existait pas, nous aurions dû prendre la voiture, et l’ensemble du trajet avec péages, carburant, repas en route, nous aurait coûté plus cher que le prix d’une voiture de location et du vol cumulé. Sans compter au moins un jour de vacances de perdu.

Donc, merci Ryanair. Mais nous sommes un peu mal à l’aise devant ce type de calcul. La proposition autrichienne d’imposer un prix minimum de 40 ou 60 € par billet contribuerait à remettre de la juste valeur sur une prestation.

En revanche, la proposition écologiste française est totalement intolérable :

« Le parti politique français Génération Ecologie veut à l’avenir accorder aux citoyens un quota de vol, plutôt que de taxer davantage les voyages en avion. Une fois le quota épuisé, le Français ne pourrait plus embarquer dans un avion. » Ça, c’est de la dictature écologiste. Le seul moyen pour réduire le nombre de vols, ou de n’importe quel déplacement d’ailleurs, c’est de jouer sur les prix. Mais ce n’est pas « social ».

On est d’accord. Notez que c’est pour tout pareil : certains mangent des pâtes à longueur d’année pendant que d’autres se paient un bon resto.

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