Molenbeek: Son passé industriel et son patrimoine immatériel

Pour notre septième rendez-vous du tourisme, nous avons rencontré Ann Gilles-Goris, son Echevine du tourisme. Animée par un patrimoine remarquable, la destination est séparée du centre-ville par le canal Bruxelles-Charleroi. Une commune qui offre une diversité touristique exceptionnelle, à l’image de sa population.

Ann Gilles-Goris : pionnière politique du tourisme à Molenbeek

Forte d’une licence en sciences économiques et sociale et d’un diplôme de kinésithérapeute, Ann Gilles-Goris a longtemps exercé dans une maison médicale de Molenbeek.

C’est à sa propre surprise qu’à sa première participation aux élections, elle est élue Echevine en 2012. « On m’a proposé d’être sur la liste » nous fait-elle savoir. Elle a ressenti cette élection comme une reconnaissance de sa présence de longue date sur le terrain.

unnamedParmi ses nombreuses prérogatives, elle obtient également le tourisme. « Je voulais absolument avoir cette compétence dans mes attributions » nous fait-elle observer. Engagée à 100 % dans son travail, elle est partie de rien il y a un peu plus de quatre ans. « Il n’existait pas un dépliant ni une carte postale de la commune » nous dit-elle.

Depuis ses nouvelles fonctions, des publications ont vu le jour. Une rencontre avec les acteurs du tourisme molenbeekois a été initiée dès son arrivée au pouvoir. Elle a permis de fédérer un patrimoine matériel et immatériel unique dans la région.

Un héritage industriel et religieux important

La commune de Molenbeek-Saint-Jean est connue pour son passé industriel. Des ateliers et une série d’entreprises aux dimensions variables ont offert de l’emploi à de nombreux travailleurs du pays. A la suite de l’ouverture du canal en 1832, des sociétés importantes apparaissent le long des berges.

Des fonderies, des raffineries de sucre, des ateliers de menuiserie, des entreprises de transformation de tabac et de métaux, la minoterie Farcy et de nombreuses brasseries ont transformé la commune en « petit Manchester ».

molemNombre de ces établissements ont perdu leurs fonctions premières. Certaines réutilisations se sont faites avec succès. Les anciennes brasseries Belle-vue ont été réaménagées récemment en deux hôtels (Meininger et Belle-Vue).

Les taux d’occupation seraient exceptionnels. Une partie des anciens bâtiments a laissé la place au Mima. Cet espace muséal propose des réalisations contemporaines de Street Art.

C’est aux abords du canal que naissent les célèbres « Boule d’or » et les cigarettes « Saint-Michel » que tous les belges de cet âge d’or ont porté à leurs lèvres. D’autres espaces connaissent désormais une dimension artistique ou culturelle. La Fonderie est de ceux-ci. Une exposition permanente y est consacrée au riche passé industriel de la région et de nombreuses expositions y prennent lieu ainsi que des départs de visite, à pieds, mais aussi en bâteau. Infos et réservations : www.lafonderie.be/index.php?lang=fr

Si plusieurs lieux de culte marquent verticalement le patrimoine bâti de la commune, il est un qui marquera définitivement l’histoire : l’église Saint-Jean-Baptiste. Ce magnifique bâtiment Art Déco est signé Joseph Diongre. Le cimetière communal classé offre lui aussi un intérêt réel.

DEPL_PARC_2017Uniques en Europe du nord, les cimetières bruxellois ont pris des habitudes italiennes ou hispaniques leur conférant des airs vénitiens : les galeries funéraires. Creusées dans le sol et empreintes de messages symboliques, celles-ci sont de grande beauté et ont récemment été restaurées.

L’histoire de la commune prendra place prochainement dans le nouveau musée de la vie communal : le MoMuse : www.momuse.be/fr/musee_fr.html

Un patrimoine associatif et immatériel d’exception

Ici, plus que partout ailleurs dans la capitale, les associations sont durablement installées. Parmi celles-ci, notons l’Atelier « Groot-Eiland » qui donne des formations horeca (entre autres) à des demandeurs d’emploi. De nombreuses associations aux objectifs variés animent les quartiers. Tous les jeudis, un surprenant marché canalise les habitants et visiteurs autour de la maison communale.

Une « maison des cultures et de la cohésion sociale » existe au sein de l’entité. Une foule d’activités (spectacles, expositions) permettent aux différentes cultures locales de se rencontrer. Elle permet aussi à un public extérieur de mieux comprendre la complexité de Molenbeek. Une « déghettoïsation » s’installe doucement dans les quartiers historiques de la commune. Pour toutes informations :www.lamaison1080hethuis.be/fr/Projets/

Enfin, parmi les acteurs de terrain, une ASBL telle AlterBrussels y est bien présente et organise des visites touristiques sur le thème de la diversité humaine. Les renseignements peuvent être obtenus via le site suivant : www.alterbrussels.org

unnamed1Des défis à la pelle

Pour Ann Gilles-Goris, les défis touristiques sont légion. Le tourisme bien qu’essentiel pour la vitalité d’une commune est le parent pauvre et n’est porté que par un mi-temps. Des collaborations avec les différents partenaires permettent cependant d’être créatifs et des projets régionaux comme la fête de l’Iris permettent de maintenir la vitalité. L’Echevine réfléchit à des traductions trilingues dans les différents espaces touristiques. Et espère qu’un fléchage plus évident puisse voir le jour.

Les frontières s’ouvrent entre visit.brussels et Molenbeek mais les subsides ne sont pas évidents à recevoir. Difficile aussi de trouver une collaboration avec les fameux bus Hop-On, Hop-Off qui longent le canal sans prévoir d’arrêt sur le territoire communal. Depuis deux ans, la commune participe aux WE « églises ouvertes » pour faire découvrir ce patrimoine insoupçonné à d’aucuns. Malgré le manque de moyens, l’espoir demeure et les projets avancent pas à pas.

Une nouvelle carte touristique vient de voir le jour. La page internet ne reprend pas encore l’ensemble de l’offre et devrait être complètement repensée. La diversité associative et privée est telle dans la commune que l’administration gagnerait à la centraliser professionnellement sur une interface commune et lisible. La place de Molenbeek est à 13 minutes à pied de la Grand Place de Bruxelles. Une proximité unique avec le plus haut lieu touristique du pays. Une opportunité à saisir plus encore.

Au lendemain des attentats de Paris et de Bruxelles, un regain d’intérêt important s’est porté sur Molenbeek. Heureusement accompagnée par des guides qui, loin de jouer la carte caricaturale, ont souhaité parler de la complexité de la destination, Molenbeek montre d’elle un autre visage. Ce spot porté sur la commune a également mis en avant un patrimoine exceptionnel qui était peu connu, passé les frontières communales. Ici, plus qu’ailleurs dans le grand Bruxelles, le tourisme et la culture permettront de solutionner bien des dérives identitaires.

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