O.T. en Wallonie : tout n’a pas été dit

L’article sur l’avenir des O.T. vous a fait réagir, et a d’ailleurs battu un record de lecture chez Pagtour, ce dont nous vous sommes reconnaissants. Mais tout n’a pas été dit, loin s’en faut.

Le ministre à Waterloo

Nous en voulons pour preuve la présentation hier à Waterloo de plusieurs sujets importants par le Ministre du Tourisme René Collin, présentation à laquelle Pagtour n’a pas été convié, comme d’habitude (Nous sommes pourtant le N°1 incontestable des medias du tourisme francophone en Belgique, mais passons…). Nous ne reviendrons pas sur le thème de l’année : La Wallonie Gourmande, qui fait sans doute l’unanimité chez les professionnels.

Revenons à peine sur le choix du nom de la nouvelle institution du tourisme wallon, après le départ volontaire des Bruxellois : Wallonie Belgique Tourisme remplace désormais Wallonie Bruxelles Tourisme, indiquant de la sorte aux marchés étrangers que la Wallonie est bien une partie de la Belgique, et que, par exemple, l’aéroport de Bruxelles est en région flamande, mais il reste la porte d’entrée de tout le pays.

Le micmac institutionnel

Le point principal de l’intervention du ministre, à nos yeux, est la confirmation de la nouvelle carte des « Maisons du Tourisme », ce qui nous ramène forcément aux aspects évoqués dans l’article précédant. Et on s’étonne un peu. On s’étonne que le bras le plus efficace du tourisme régional, les Maisons du Tourisme, soit celui qui fasse en premier les frais d’une restructuration peut-être mal pensée.

En effet, le ministre cite la nécessaire clarification entre « fédérations provinciales, Maisons du tourisme, Syndicats d’initiative, Office de tourisme, secteur hôtelier, gîtes, meublés, villages de vacances, campings, campings à la ferme, etc. »

On ne voit pas trop pourquoi les problèmes du secteur hébergement doivent être liés à ceux de la promotion et de l’information. On ne voit pas en quoi les fédérations provinciales sont bien utiles, sinon pour laisser encore aux Provinces le peu de compétences qu’il leur reste.

Le privé fera toujours ce qu’il veut

Une petite remarque avant le cœur du problème : les Syndicats d’initiative sont, comme leur nom y fait penser, une initiative du secteur privé, essentiellement commerçant, d’une ville.

On peut réformer tout ce qu’on veut, proposer des simplifications, mais si le secteur privé d’une ville juge bon de lancer des initiatives parce qu’il n’a pas de répondant suffisant du côté du « politique », il restera libre de le faire !

Le nœud du problème

En ce qui concerne les Maisons du tourisme, il tient en la différence essentielle entre les aspects « stratégiques » et les aspects « tactiques ». La promotion d’une région, c’est stratégique. Il s’agit de faire connaître un pays, une région, d’informer sur ses offres, ses possibilités, ses thèmes touristiques, là où c’est indispensable : sur les marchés extérieurs.

C’est le rôle d’un « NTO », National Tourist Office, et comme chez nous il n’y a plus de « nation », c’est le rôle de WBT. Il s’exerce en amont, pour « mettre la destination en désir », pour faire venir les visiteurs, que ce soit pour le loisir, les affaires, le MICE, le « bleisure ».

L’amont et l’aval

Ensuite il y a les O.T. de proximité, par exemple les Maisons du tourisme, qui ont caractère très régional, qui mettent en avant leurs spécificités locales. Celles-là travaillent en aval, quand le client a déjà pris sa décision de venir, et qu’il affine sa recherche, sa curiosité. Il ne s’agit plus ici de réelle promotion, mais surtout d’information.

Évidemment le grand débat porte sur la nécessité de diffuser cette information dans un « bureau » plutôt que sur le net. De notre point de vue, et un peu en contradiction avec les conclusions du débat au Forem de Marche, les maisons de proximité seront toujours essentielles. Combien de visiteurs ne parcourent-ils pas les régions, les « petits pays » au hasard, selon l’envie ou l’instinct ?

Pour ceux-là, il y aura toujours un arrêt obligatoire dans l’office local, celui qui n’a pas les moyens de faire de la promotion ni d’avoir une grande visibilité, mais qui est près de la population locale, qui en émane même. Celui que l’on n’avait pas trouvé sur internet, celui dont on n’avait jamais entendu parler, mais qui est un petit secret régional bien gardé.

Une fusion imposée de l’extérieur

L’exemple des deux Maisons de Tourisme fusionnées du Pays de Waterloo et du Roman Païs est très parlant. Waterloo capitalise sur un tourisme de mémoire, sur l’histoire, et profite en cela de la renommée mondiale de Napoléon et de ses vainqueurs de l’époque.

Bataille de Waterloo 1815 - reconstitution 2011

Le Roman Païs est un petit pays offrant à la fois un tissu industriel (Tubize, Rebecq, Ittre-Virginal, Nivelles…) et une offre rurale et culturelle : ça ne va pas être simple de se présenter d’une manière uniforme, parce que les « consommateurs » de tourisme (et de MICE !) des deux régions ont des attentes très différentes.

Rappelons que le ministre est Ardennais, et que les territoires de la province de Luxembourg sont bien plus homogènes et étendus qu’ils ne peuvent l’être par exemple en Brabant Wallon, ou en province de Liège.

La bonne idée…

La solution sera peut-être de dire : Monsieur le Ministre, nous n’avons d’autre choix que d’accepter cette union (les deux directeurs sont d’ailleurs d’excellent amis), mais nous continuerons à fonctionner selon deux modèles différents, sous une ombrelle unique.

À laquelle il faudra trouver un nom. On a déjà évoqué de bonnes idées : les Jardins de Bruxelles, ou les Portes de Bruxelles… Ce serait malin : les Bruxellois ont voulu jouer tout seuls, ce n’est pas pour autant qu’on doive renoncer à la notoriété de la capitale, au profit des régions qui la bordent.

Malgré ces critiques (que nous voulons constructives), il reste que Mr Collin est sans doute le tout premier ministre du tourisme en Wallonie qui s’en occupe vraiment. Parfois trop, diront certains, et « trop est l’ennemi du mieux ». Mais en fait-on jamais assez pour notre belle Wallonie ?

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