OVERRUN du 23 Mai

Mademoiselle Yessouroun. L’autre jour, sur l’autoroute, je me déporte sur la gauche en voyant arriver une voiture sur la bretelle d’accès de droite. Arrivée à ma hauteur, elle accélère, m’empêchant de me rabattre à droite.

Ma voiture étant plus puissante, je la dépasse, me rabats et redescends à la vitesse autorisée, ce qui me vaut moult coups de klaxons et un beau doigt d’honneur lorsque le gars me redépasse à 140 km/h. Je fulminais. Après, il ne faut pas s’étonner lorsqu’on voit des images de têtes-à-queues et de ralentissements provoqués ; les coupables ne sont pas nécessairement ceux que l’on voit, il faut aussi savoir ce qui s’est passé avant.

C’est alors que je me suis souvenu de la professeur de piano de mon frère, Mademoiselle Yessouroun. C’était une Brésilienne d’un âge avancé qui avait connu un grand malheur. Son futur mari était mort inopinément la veille ou le jour même de son mariage.

Elle en a gardé le deuil toute sa vie. Elle a émigré vers la Belgique dans je ne sais quelles circonstances et avait travaillé au ministère des Travaux publics avec ma grand-mère. C’est celle-ci qui l’avait introduite dans la famille, ainsi que son chien, une sorte de Norfolk Terrier à longs poils qu’elle appelait « Fluffy ».

Plus tard, quand j’ai eu mon premier enregistreur à cassettes, dans les années 1970, je l’ai enregistrée au piano en lui demandant certains morceaux, un peu comme dans un piano bar. J’ai toujours ces enregistrements.

Puis, pensionnée, elle avait du mal à nouer les deux bouts et je me souviens qu’elle s’était résolue à vendre sa splendide collection de vinyles de musique classique. Je lui en ai acheté quelques dizaines que j’ai toujours, en lui disant qu’elle pouvait les réécouter quand elle voulait car je sentais le déchirement.

Quel rapport avec mon chauffard ? Simplement, je me suis souvenu que Mademoiselle Yessouroun était une sage. Elle me disait : « Si tu fais un geste gentil, c’est ta journée qui s’illumine. » Ou alors : « Si quelqu’un t’agresse, souris-lui ; il sera désarmé. » J’ai appliqué ce conseil souvent et il s’est souvent vérifié.

Cette fois-ci, je n’ai pas eu le bon réflexe, mais après coup, j’ai pensé à Claire (c’était son prénom) et plein de souvenirs ont ressurgi au son de son doigté au piano. Pas belle, la vie ?

La citation du début

« Le monde est un livre et ceux qui ne voyagent pas n’en lisent qu’une seule page. » (Saint-Augustin)

Les crapauds de Sun City

Au début de sa création, j’ai passé quelques jours au Palace de Sun City au nord-ouest de Johannesbourg. Tout y était artificiel, mais c’était un beau produit style Disneyland avec piscine et vagues artificielles et, quand on creusait un peu dans le sable de la « plage », on tombait sur du béton. Tout le contraire du slogan de Mai 1968 !

Mais nourriture, chambres et casinos étaient impeccables. Le deuxième soir, avec quelques collègues, nous prenons l’apéro avec le directeur de l’hôtel et je lui fais remarquer que la veille, on entendait les crapauds près des marais. Il tend l’oreille et me dit : « You are absolutely right ! ». Il appelle un employé et deux minutes après, nous avions le bruit des crapauds. Eux aussi étaient des « fake » !

Bel oxymore

Vladimir Poutine a inventé une nouvelle stratégie : « La riposte préventive ». Cela veut dire : « Je sens que tu veux me gifler, donc, je te gifle avant. » Je ne sais pas si ça peut passer aux assises, une défense de ce genre.

Bises de Maurice

Mon ami Etienne m’envoie des bises de Maurice. Je ne connais pas de Maurice, en tout cas pas des Maurice qui me feraient la bise. Et que ferait ce Maurice avec Etienne ? Je cherche, jusqu’au moment où je me dis qu’il s’agit peut-être de l’île Maurice et qu’il m’envoie donc des bises de là-bas. Dorénavant, je me méfierai donc lorsqu’il m’enverra des bises de Sanya, de Salima, de Tonga, de Darwin, de Dani Pei (un Bruxellois) ou de Wotje. Oui, Wotje est un atoll dans le Pacifique.

La citation de la fin

« Le plus beau voyage, c’est celui qu’on n’a pas encore fait. » (Loïck Peyron)

(Les deux citations de cette semaine m’ont été soufflées par Patrice Janssens)

Une petite dernière ?

Un visiteur arrive dans une ferme.
– Bonjour, jeune homme, je suis à la recherche de ton père.
– Il est dans la porcherie. Vous le reconnaîtrez à son chapeau marron.

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