Une histoire d’eau

Notre confrère L’Echo en ligne proposait hier (mardi) un article sur la Senne qui retrouve la lumière du jour sur un petit parcours bruxellois. Il s’agit de 200 mètres, pas plus, mais c’est un premier pas pour ce qu’il est convenu d’appeler le grand égout collecteur de Bruxelles.

Un peu d’histoire : c’est Charles Quint qui, en quelque sorte, condamna la Senne en faisant construire le canal dit « de Willebroek » qui reliait Bruxelles à Anvers en ligne droite, ce qui facilitait grandement le déplacement des barges.

En effet, après Bruxelles, celles-ci devaient passer par Malines où la Senne rejoignait la Dyle, laquelle se jetait dans le Rupel et ce dernier finalement dans l’Escaut avant Anvers. On ignore généralement qu’il n’y avait pas moins de 14 moulins sur la Senne uniquement dans son parcours bruxellois !

Et puis la ville s’est développée, on a rasé les quartiers populaires et souvent insalubres pour faire place à des maisons bourgeoises. Et comme cette insalubrité, faute d’égouts, ne cessait pas, Léopold II décida l’assainissement de la ville en recouvrant totalement la rivière, qui coule sous les grands boulevards.

Si nous en parlons aujourd’hui, c’est parce qu’il nous revient le souvenir d’une réunion : l’échevin du tourisme de l’époque était l’actuel bourgmestre de Bruxelles, Philipe Close. Il avait réuni quelques personnes impliquées dans le tourisme à Bruxelles, pour leur poser une question : que faudrait-il faire comme aménagement pour rendre la ville plus attractive ?

Nous avions alors émis l’idée folle : remettre la Senne à ciel ouvert. Et nous pensions en fait : mettre de l’eau en ville, que ce soit la Senne ou un prolongement du canal, ou rendre sa fonction au bassin du Marché au Poisson…

L’idée a dû faire son chemin, puisque l’échevin fit couler un peu d’eau sur la place Albert, face au Mont des Arts : un assez joli bassin y a été créé, que des petits jets d’eau égayaient. La structure existe toujours, mais l’eau a dû couler environ deux mois, après quoi le tout s’est encrassé. Nouvelle tentative quelques années plus tard, et nouvel arrêt.

C’est dommage : une ville sans eau est triste. Toutes les villes agréables au monde sont situées sur un fleuve, une rivière, un cours d’eau. On a dû y penser à Bruxelles, mais quand on a fermé les grands boulevards du centre à la circulation automobile, on a préféré ignorer la rivière qui coulait en-dessous.

Pourtant, elle est bien plus propre qu’avant. Des stations d’épuration ont été construites en amont (et aussi en aval). Des projets existent pour remettre plusieurs tronçons de la Senne au jour, mais ils concernent non la ville de Bruxelles, mais la Région bruxelloise. Les touristes, pour peu qu’ils reviennent un jour, ne les verront donc pas.

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