Au fil du Danube en Europe centrale (2/2)

«Danube si bleu, si brillant et si bleu…» telles sont les premières paroles du texte qui accompagne cette valse de Johann Strauss qui connaît depuis le triomphe que l’on sait et c’est ainsi que naquit la légende du «beau Danube bleu». Bien sûr le fleuve revêt bien d’autres couleurs selon les saisons et les aléas de la lumière mais sur la semaine de croisière vécue en octobre entre l’Autriche, la Slovaquie et la Hongrie, je peux affirmer que j’ai vu le Danube intensément bleu durant ces quelques jours froids et lumineux sous un ciel bleu azur qui se reflétait dans les eaux paisibles du fleuve.

Vienne, un arc-en-ciel patrimonial

La première vision des croisiéristes à leur arrivée à Vienne les surprend car elle impose les silhouettes élancées d’une ville nouvelle, la Donau City, avec ses gratte-ciel high tech dont la célèbre DC Tower 1 inaugurée en 2014 marque la première étape d’un vaste projet d’aménagement urbain sur la rive gauche du Danube.

La Donau City, la ville nouvelle de Vienne, sur l’autre rive du fleuve.

C’est bien sur la rive droite du fleuve que s’étire la cité historique que les habitants appellent la ville intérieure, éloignée du fleuve. Ici le point culminant est la flèche de la cathédrale St-Etienne qui avec ses 137 mètres est la plus haute tour gothique du pays qui pointe vers le ciel.

Les baies vitrées de la Haashaus, un centre commercial dont le design affiche toute sa modernité incongrue au cœur du centre historique, reflètent la flèche et les tuiles vernissées de la cathédrale dessinant aussi une curieuse farandole de personnages en mouvement dans les venelles.

Le Palais du Belvédère, un des grands palais baroques de Vienne.

Une découverte de la ville en bus donne quelque peu le tournis tant les richesses sont nombreuses : le temple néo-Renaissance de l’Opéra National, l’édifice néoclassique du Musée des Beaux-Arts, l’Hôtel de ville néogothique, les façades baroques de nombreux hôtels particuliers dont plusieurs sont associés à des personnalités telles que Mozart, Beethoven et Schubert puisque Vienne durant l’Empire des Habsbourg jouait un rôle essentiel comme centre musical européen de premier plan.

La brasserie très contemporaine Lugeck est établie dans un superbe bâtiment baroque sur une des plus agréables placettes du centre-ville du Vienne.

D’autres bâtiments comme le palais Sécession racontent aussi combien Vienne a pu être le berceau de l’Art Nouveau dans les premières années du 20ème siècle derrière Klimt, le chef de file du Jugendstil.

Soulagement de se retrouver ensuite dans le centre historique à la recherche de viennoiseries sans doute mais en s’égarant volontairement dans les venelles pour débusquer des trésors, comme le marché du quartier grec ou la place animée du vieux quartier juif.

Quand il devient temps de repartir vers le bateau, on s’éloigne petit à petit des trépidations des visiteurs du soir qui envahissent la vie nocturne pour retrouver avec plaisir celle paisible des bords de l’eau tout en se promettant de revenir à Vienne pour lui consacrer plusieurs jours de flânerie.

Les baies vitrées de la Haashaus reflètent la façade de la cathédrale qui lui fait face.

Bratislava, si séduisante

Capitale à taille humaine avec à peine 450.000 habitants pour la plupart malheureusement enfermés chez eux à cette heure crépusculaire quand nous découvrirons la ville. A peine deux heures suffisent à en faire le tour mais chacun tombe sous le charme des beautés architecturales de la petite cité où jadis Marie-Thérèse d’Autriche aimait se rendre et drainait derrière elle une foule d’aristocrates qui y ont construit des demeures aux tons pastel, toutes plus baroques les unes que les autres. Comme le centre de la ville était petit, ils n’ont pas hésité à récupérer les remparts médiévaux pour y adosser de nouvelles constructions.

Slovaquie, Bratislava, Château et ville le long du Danube.

Le premier point de repère se découvre depuis le bateau, son château très Renaissance situé sur une colline dominant le Danube. Il en impose avec sa façade blanche et ses 4 tours latérales surmontées de tuiles rouges. Symbole du pays, il est même représenté sur les pièces d’euros slovaques ! Le second rendez-vous incontournable est la place centrale organisée autour d’une belle fontaine, la plus ancienne de la ville.

Pour agrandir la ville de Bratislava, on n’a pas hésité à appuyer les demeures sur les anciens remparts.

C’est là aussi dans le palais Kutscherfeld que s’est installée l’ambassade française, dans un bâtiment rococo de 1782 où vécut et travailla le pianiste Arthur Rubinstein. Comme le Danube ne connaît pas de frontières il semblerait qu’on entende parler toutes les langues de l’Est dans les rues piétonnes au fil des bars où de nombreux pubs tenus par des petits brasseurs indépendants proposent des bières de qualité à déguster avec de délicieux bretzels.

L’insolite ouvrier Cumil qui surgit d’une bouche d’égout à Bratislava.

Sur le chemin de retour vers le bateau méfiez-vous de l’ouvrier Cumil qui surgit d’une bouche d’égout pour regarder sous les jupes, preuve s’il en est que le Slovaque est jovial !

Esztergom, la Rome hongroise

C’est ici qu’un pont d’acier a été jeté en 1895 au-dessus des flots puissants du Danube, le pont Marie-Valérie pour relier la Hongrie et la Slovaquie. Détruit durant les deux grandes guerres, il a été remis en service en 2001 et a curieusement conservé son nom qui évoque la dernière fille du couple impérial d’Autriche, François-Joseph et Sissi.

Vue sur le fleuve et le pont Marie-Valérie depuis les hauteurs de la basilique d’Esztergom.

C’est depuis le bateau et sans doute du pont que l’on découvre le mieux la falaise au sommet de laquelle est érigée la plus grande église du pays : 118 mètres de longueur, 100 mètres de haut ! Son histoire est millénaire, l’église d’origine a été construite par Saint-Etienne, le roi fondateur de la Hongrie.

L’imposante basilique d’Esztergom domine le fleuve.

Plusieurs fois détruite par des incendies, par une explosion ou par des attaques lors des guerres ottomanes et mondiales, elle a été entièrement reconstruite en 1856, et par la suite restaurée.

Elle projette aujourd’hui dans le ciel bleu ses deux campaniles à coupoles et son dôme nacré qui encadrent un portique monumental surmonté d’une inscription en latin, « Caput Mater Et Magistra Ecclesiarium Hungarie », rappelant l’importance de l’édifice (Tête, Mère et Maître des églises hongroises). C’est pour sa consécration solennelle que Franz Liszt a composé son œuvre célèbre Missa Solemnis.

Vue sur le fleuve et l’imposant Parlement de Budapest depuis le chemin de corniche du Bastion des Pêcheurs.

Budapest entre Buda l’historique et Pest la frénétique

C’est ici bien plus qu’ailleurs que le Danube semble être la colonne vertébrale de la ville. Depuis le pont supérieur, les passagers ne savent où regarder car les deux rives captent l’attention sans parler des ponts entre lesquels le bateau s’est amarré, le pont vert métallique de La Libert signé Eiffel et le pont blanc suspendu dédié à Sissi.

Le Bastion des pêcheurs sur les hauteurs de Pest.

Un premier tour de ville permet de décoder les quartiers, il reste alors à chacun toute une après-midi pour errer à sa guise entre musées, shopping ou tout simplement savourer une gourmandise dans le légendaire Café Gerbeaud fondé en 1858.

L’imposante place des Héros de Budapest.

Buda c’est la ville verte, celle qui s’élève sur la colline au sommet de laquelle se dresse la statue de la Liberté érigée en mémoire de la libération de la ville en 1947 par les troupes soviétiques. C’était aussi jadis le site du château royal et le quartier rassemble une collection de belles demeures aristocratiques aux allures baroques.

Le monument historique le plus populaire est l’église gothique Notre-Dame, communément appelée église du roi Mathias. C’est ici que furent couronnés les rois de Hongrie. Elle est recouverte d’une superbe toiture de tuiles vernissées et multicolores. Le côté fleuve est protégé par le Bastion des Pêcheurs dont le chemin de ronde offre une vue imparable sur le Danube, le spectaculaire Parlement de 270 m de long et les toits de Pest.

La belle église Notre-Dame de Budapest.

Le pouls de Buda se prend loin des rumeurs de l’esplanade Mathias, dans un dédale de ruelles et de jardins qui dévalent en cascades vertes vers le fleuve.

Pest, une ville plate à l’infini et ouverte au commerce depuis le 12ème siècle, est le centre nerveux de la capitale avec de vastes artères croisées et longées de bâtiments couleur sable qui ont valu à Budapest le surnom de Paris de l’Est.

La longue avenue Andrassy bordée d’hôtels particuliers, d’ambassades et d’élégantes bâtisses débouche sur l’imposante place des Héros et son monument célébrant le millénaire de la conquête magyare.

Le bâtiment de briques des Halles Centrales de Budapest.

L’Art Nouveau est à Pest, il habille de nombreux édifices comme les Halles Centrales, une éblouissante structure arachnéenne enveloppée d’un manteau de briques polychromes et de pierre ou encore le Musée des Arts Décoratifs qui fait surgir un mirage de centaines d’arcatures dignes d’un château des mille et une nuits. Un second tour de ville en soirée permet de découvrir toute la magnificence de cette ville chatoyante sous les feux qui l’éclairent.

Allemagne, port de Passau. Moments bateau de croisière avec Viva.

Plusieurs croisiéristes proposent cette belle escapade d’une semaine le long du Danube à la découverte de quelques villes qui la bordent. Nous avions choisi Viva Cruises avec son navire Viva Moments battant pavillon suisse. Nous n’étions que 72 passagers pour 48 membres d’équipage, de quoi se sentir bien entourés d’autant que la formule de voyage inclut un all inclusive, de quoi s’offrir sans complexe chocolat chaud ou thé sur le pont aux heures fraîches du matin ou plus tard un apéritif bien convivial entre passagers dans le bar panoramique, face au déroulement paisible du paysage. www.viva-cruises.com

Notez que Rivages du Monde propose à partir de fin avril jusqu’en octobre une croisière de 12 jours depuis Passau jusque Bucarest en passant par l’Autriche, la Slovaquie, la Hongrie, mais encore la Croatie, la Serbie, et la Bulgarie. www.rivagesdumonde.fr/destination/croisiere-danube

 



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